• Je viens de lire"entretien avec Fabienne Verdier"de Charles Juliet.
    Je vous en donne quelques extraits:
    "Garder l'esprit neuf et vaste de l'enfant et tenir cette constance dans le temps.Il est ouvert à tout - vide - prêt à accueillir. Il a une richesse intérieure qui se suffit à elle-même. Aucune distinction entre le ciel et la terre,le bien et le mal,la beauté et la laideur. Tout a la même valeur dans son coeur. il est simplement un avec tout ce qui existe. On met une vie à retrouver cet état premier."

    "Ayant nettoyé toute volonté,hors humeurs patapageuses.Attentiveréceptive au vivant qui m'entoure.aucun à priori.Neutre total.Accueillant à ce qui se présente.Je m'emploie à dépouiller,affiner,enrichir mes perceptions.Avec cette épaisseur de concentration,au plus près du concret,j'erre dans mes profondeurs.Le vide s'installe doucement en moi,calme les éruptions de la pensée...Je laisse faire le temps.Je laisse faire ce qui se présente.Par la répétition constante,l'exigence intérieure...les certitudes s'effacent.Je suis enfin libérée.C'est alors avec ardeur,avec une grande ferveur,un amour total que j'adhère au vide ..."

    "En fin de compte,l'acte de peindre est une vraie tempête,une grosse pertubation,une intervention détonante qui ressemble furieusement à un accident.Ma peinture est sûrement issue du chaos."

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  •   Hier,je vais chercher mes petits enfants à la sortie de l'école et après le goûter et les devoirs ,j'aperçois sur le bureau de ma fille le dernier livre de Michèle Lesbre "Le canapé rouge"...Ah ! quelle chance ! Je voulais justement l'acheter,je me laisse aisément embarquer dans ses histoires et c'est toujours un bonheur...
      Les enfants sont très calmes ce soir et moi,je ne lâche plus  le livre jusqu'au repas que,heureusement j'ai déjà préparé.
      C'est l'histoire d'une femme encore jeune qui part en Sibérie à la recherche d'un homme qu'elle a aimé et dont elle est sans nouvelles..."l'idée d'un quelconque danger le concernant me plongeait dans une indicible angoisse".Car cet homme représente un monde rêvé,une utopie de jeunesse à laquelle elle ne veut pas renoncer et qui donne sens à sa vie.
     .C'est aussi l'histoire de sa voisine âgée à qui elle va,deux fois par semaine,faire un peu de lecture,"lui raconter la vie de femmes qui lui étaient chères par leur insolence,leur courage,leur espièglerie parfois,leur destin tragique souvent" Et la vieille dame se prenait  pour Olympe de Gouges ou Milena Jesenska..."Toutes lui redonnaient un élan de vitalité"...Elle perd la mémoire et elle est souvent assise sur son canapé rouge.
      Ces deux histoires s'imbriquent à merveille et on ne sait laquelle est le fil conducteur,laquelle est la plus essentielle
      Elle nous livre ses réflexions sur le voyage,elle nous parle de ses rencontres,des souvenirs que cela réveille en elle...nous voyageons avec elle,dans le temps,dans l'espace...nous oublions notre vie quotidienne et poutant nous nous retrouvons.
      J'aime la gratuité avec laquelle cette femme agit: ses visites à la vieille dame,ce voyage insensé (elle sait bien qu'elle ne reverra pas cet homme)..
      Et pourtant,ce voyage était nécessaire pour renouer avec le plus profond d'elle-même:
    ""J'étais enfin dans ce bel abandon,cette façon de respirer et de penser différemment dans une ville étrangère,d'être en apesanteur,avec le sentiment d'appartenir au monde,à cette humanité rêvée que je cherchais sur les visages,dans la musique de la langue,les gestes,les détails infimes qui nous relient les uns aux autres,malgré tout.Je me laissais avaler par la rumeur ,le  rythme,le courant invisible qui parcourait cette ville."

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  •   Ce récit en prose est d'une sauvage beauté,d'une poésie âpre et pure dont on reste longtemps imprégné...Je l'ai lu l'hiver dernier et je suis encore très émue dès que je pense à ce personnage qui ressemble sans doute beaucoup à son auteur: (André Bucher,en effet, vient de prendre sa retraite d'agriculteur ,c'est le quatrième livre qu'il publie).
      Le héros du livre vit dans un coin retiré des Alpes de Haute -Provence,isolé mais profondément relié...Sa femme est morte,sa fille qui a deux enfants se sépare de son compagnon...En cette veille de Noël,il va faire des kilomètres dans la neige et le mauvais temps pour aller à la rencontre d'un ami qui vient le voir...Il affronte les éléments avec courage et simplicité...Sur son chemin,il porte secours à des personnes en difficulté...Rien d'héroïque dans son attitude,il fait simplement ce qu'il doit faire,quoi de plus naturel !
    "Il était encore possible d'accomplir de belles choses dans l'écart et dans le silence, sans toutefois en tirer gloire"
      Son cheminement est aussi intérieur,et dans cette nuit hallucinée,tandis qu'il marche,remontent à la surface de sa conscience des souvenirs:son épouse morte,Martine avec qui il aimerait établir un lien amoureux mais elle ne parvient pas à faire le deuil de sa fille...Il se grise de souvenirs,chante et danse,marche jusqu'à l'épuisement...A le suivre,nous voilà hallucinés à notre tour....Comme chacun de nous,il va à la rencontre de son destin...
      (Ce livre est publié aux éditions Sabine Wespieser)

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  • Je viens de parler d'un livre et j'ai oublié d'en nommer l'auteur,il s'agit de :
    "je suis né un jour bleu" de Daniel Tammet aux éditions les Arènes

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  •   C'est le témoignage étonnant d'un jeune autiste...Il raconte comment il a pu devenir un adulte indépendant,malgré son handicap...grâce à ses parents qui l'ont aimé sans conditions,se sacrifiant pour l'aider et acceptant ses particularités,grâce à ses frères et soeurs qui l'ont obligé à sortir de sa solitude,grâce à son entourage...Il raconte son rapport étonnant avec les chiffres:"penser à des nombres m'apaise","les mercredis sont toujours bleus,de même que le nombre  9 ou le bruit d'une dispute".
    ..Il raconte ses crises d'épilepsie pendant son enfance,son besoin obsessionnel d'ordre et de routine,sa difficulté à écouter les autres "quand quelqu'un me parle,j'ai souvent le sentiment d'être en train de chercher une station de radio et une grande partie du discours entre et sort de ma tête comme des parasites"...
      Il dit sa difficulté à regarder quelqu'un en face,à se faire des amis (enfant,les autres enfants ne faisaient pas partie de son monde)...Il dit ses problèmes de coordination et d'équilibre....Lacer ses souliers,faire du vélo, apprendre à nager ont été pour lui très difficiles...Il dit sa difficulté à entrer dans le monde des émotions:(enfant,son père est gravement malade est hospitalisé et il dit:"je savais que je devais ressentir quelque chose mais je ne savais pas quoi".)
      Si le maître ne posait pas une question de façon conforme,il ne pouvait pas y répondre,ainsi,s'il lui disait :3fois 7,il ne comprenait pas que le maître attendait une réponse,il fallait qu'il lui dise;combien font 3 fois 7?
       Il dit le jour où il a battu un record et  où il a pu réciter en 5heures et 9minutes  22514 décimales de pi et quand on lui a demandé pourquoi,il a répondu que pi était pour lui quelque chose  de très beau et de tout à fait unique.
      Il dit sa très grande facilité à apprendre les langues.
    Son livre est un message de tolérance et de respect.
    "Vous n'avez pas besoin d'être handicapé pour être différent ,car nous sommes tous différents"
      C'est une belle leçon de vie

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