•   C'est le titre d'un livre de Christian Bobin  et Edouard Boubat.
    Je l'ai beaucoup aimé..Je vous en donne quelques extraits..Je regrette de ne pouvoir vous montrer les photos.

    "Prendre soin,être confiant .
    Et naître.
    Naître une fois,deux fois,trois fois,entrer à chaque instant dans une vie blanche comme dent de lait,et que la mort ne saisisse dans le vieil homme qu'un nouveau-né,et que mourir ne soit qu'une naissance de plus,surajoutée aux autres,une naissance comme on dit d'une image:surexposée"

    "Dire,  cette vie est un jardin de roses,c'est mentir.
    Dire , cette vie est un champ de ruines,c'est mentir.
    Dire , je sais les horreurs de cette vie et je ne me lasserai jamais d'en débusquer les merveilles,c'est faire son travail d'homme et vous le savez bien:ce genre de travail n'est jamais fini...
    Vos images sont des points d'eau dans le désert."

    "Boubat et moi avons un point commun:il a fait plusieurs fois le tour de la terre et je ne suis jamais sorti de ma chambre.Or nous avons vu les mêmes choses et les mêmes gens.Lorsque je regarde ses images,j'ai l'impression de recevoir enfin de mes nouvelles,de bonnes nouvelles reçues de l'étranger;Je peux passer un long temps devant chaque image. Je n'ai pas si souvent l'occasion de me rencontrer."Christian Bobin

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  •   Cest le dernier livre de Jacques Chessex...Il a voulu dresser un monument pour sa mère disparue,sa mère qui n'a pas voulu de tombe,sa mère incinérée,sa mère qu'il a si mal aimée,dit-il...son projet est réussi,le monument est beau,il y a de très belles pages,mais cela va-t-il suffire pour qu'il s'apaise et cesse de se reprocher un crime qu'il n'a pas commis?
    "Le plus vrai,c'est mon remords de ne pas lui avoir assez manifesté que je l'aimais"
      
    Mais comment aurait-il pu lui dire  davantage alors que sa mère est omniprésente en lui
    "
    C'est toujours toi que je rencontrais,mère, dans les bras,dans le corps,dans le soupir des aimées"
    "Par les choses de l'amour,je souhaitais m'élever,gravir,me tranfigurer.Ce n'était possible qu'avec ton approbation"

    Bien sûr,il aurait été plus apaisant,plus juste de pouvoir dire comme Richard Ford  dans "Ma mère"
    "Nous n'avons jamais été liés par la culpabilité ni par la gêne,ni même par le devoir.L'amour englobait tout"
    Mais il n'en était pas ainsi et pour devenir autonome,pour ne pas dépendre totalement de sa mère,affectivement...il n'avait pas le choix,il devait garder une certaine distance avec elle...Sinon,en croyant bien faire,elle aurait tout décidé à sa place et il n'aurait eu qu'à obéir comme un petit enfant bien sage
    "cette autorité qui était la marque de ma mère
    "Et même quand ma vie allait tout autrement que tu ne voulais,tu continuais à savoir ce qui était bon pour moi et la faille se creusait,béait,pleine de cris et de reproches,parce que je n'en faisais qu'à ma tête contre toi  et ta volonté"
    J'ai presque envie de dire : heureusement qu'il a mal aimé sa mère et qu'il a dirigé sa vie selon son désir?Mais est-ce mal aimer sa mère que de l'empêcher de diriger notre vie à notre place ? Ne serait-ce pas plutôt une preuve d'amour?
      Il semble quand même qu'en écrivant ce livre qui est un beau livre,un témoignage touchant et sincère,il se soit enfin apaisé
    "J'écris ces choses et dans mon corps se dilate un espace d'air très frais,léger,mobile,où je perds poids et amertume,comme si j'allais y nager"
      "deuil-douleur,deuil-remords,puis cette habitation presque heureuse de l'être à l'instant et dans la durée"
    Trop de remords peut tuer la vie,il semblerait presque qu'il n'en soit rien ici.


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  • e chemi"Il faut que l'homme réalise d'abord lui-même que les situations conflictuelles  qui l'opposent aux autres ne sont que des conséquences des situations conflictuelles dans son âme propre,et qu'il s'efforce ensuite de surmonter ce conflit intérieur qui est le sien,pour désormais se tourner vers ses semblables en homme transformé,pacifié,et nouer avec eux des relations nouvelles,transformées"
     
    "Ce n'est que lorsque l'homme a trouvé la paix en lui-même qu'il peut entreprendre de la chercher dans le monde entier"
                                                            Martin Buber
                                                       (Le chemin de l'homme)

    Par hasard,j'entreprends la lecture de ce minuscule petit livre et je suis abasourdie tant il correspond aux questions que je me pose..Heureusement,il n'a qu'une cinquantaine de pages car je vais devoir le relire pour mieux l'intégrer...et il importe de le lire lentement,ce qui est contraire à mes habitudes,le lire lentement pour que ce livre" puisse me parler"

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  •    Pour la première fois ,j'ai lu une bande dessinée,il faut bien un début à tout...
    Et il faudra que je la relise car j'ai tellement été prise par le texte que j'en ai un peu oublié de regarder les images et c'est vraiment dommage...
      "Il y a des lettres que l'on n'envoie jamais ou que l'on garde cachées.D'autres que l'on rêve seulement de rédiger.Et puis il y  celles que l'on écrit alors que leur destinataire a disparu.Ainsi en est-il des lettres d'Agathe à sa mère.Un dialogue à une seule voixpour enfin être entendue..."
      La première phrase est celle-ci :"Ma petite maman chérie,je crois que tu ne m'as jamais aimée,n'est-ce pas?
    Comme vous le voyez,on est tout de suite dans le vif du sujet.C'est très bien écrit,plein de justesse...Je vais me récocilier avec les bandes dessinées,je crois.

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  • Jacques Decour,romancier et professeur d'allemand,engagé dans la résistance,il a été tué à 32 ans par les nazis...Alors qu'il pressentait sa fin,il a écrit ces quelques notes...Marie de Hennezel en a fait la conclusion de son dernier livre:"La chaleur du coeur empêche nos corps de rouiller"

    "Maintenant,nous nous préparons à mourir les uns et les autres ...C'est bien le moment de nous souvenir de l'amour.Avons-nous assez aimé?Avons-nous passé plusieurs heures par jour à nous émerveiller des autres hommes,à être heureux ensemble,à  sentir le prix du contact,le poids et la valeur des mains,des yeux,des corps?Savons-nous encore bien nous consacrer à la tendresse?Il est temps avant de disparaître dans le tremblement d'une terre sans espoir,d'être tout entier et définitivement amour,tendresse,amitié,parce qu'il n'y a pas autre chose.Il faut jurer de ne plus songer qu'à aimer,aimer,ouvrir l'âme et les mains,regarder avec le meilleur de nos yeux,serrer ce qu'on aime contre soi,marcher sans angoisse en rayonnant de tendresse"

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