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Léon Spilliaert 1881-1946 (Le tableau du samedi de lady L.)
figure dans les dunes et barque
Léon Spilliaert était particulier. Il vécut longtemps à Ostende mais ne savait pas nager. Il ne savait pas non plus rouler à vélo et n'a gardé une voiture que très peu de temps. Il n'a jamais utilisé d'appareil photo, jamais suivi de cours à l'Académie, mais il a dessiné le grand dirigeable de Robert Benedict Goldschmidt. Il lisait énormément: Nietszche, Lautréamont, Chateaubriand, Schopenauer, la Bible. On le présente comme un solitaire, une vue accentuée par ses autoportraits des années 1907-1908 (ses années de grâce) où on le voit comme halluciné. Au point que Jean Clair en avait déduit que Spilliaert consommait des drogues ou respirait de l'éther, ce que réfute Anne Adriaens-Pannier.
Loin d'être solitaire, il avait une large vie sociale et observait la société avec une ironie féroce. L'expo présente - c'est unique - 22 autoportraits côte à côte! Léon Spilliaert a continué à habiter chez ses parents, de riches parfumeurs d'Ostende, fournisseurs de Léopold II. Son père était assez riche pour que ses enfants ne doivent pas travailler. Léon vécut chez ses parents jusqu'en 1915, il avait alors 35 ans, quand il se maria et déménagea un temps à Bruxelles. Il faut dire qu'à Ostende il subissait l'ombre forte d'Ensor.
Si son père ne voulait pas un temps qu'il vende ses travaux, ses premiers acheteurs furent prestigieux: Emile Verhaeren, Stefan Zweig
Symboliste de la dernière génération — sa première œuvre date de 1899 — il touche parfois au surréalisme et ses mise en page surprenantes, si elles évoquent parfois l'art japonais, rappellent aussi souvent, le cinéma expressionniste et ses noirs et blancs inquiétants comme dans son fameux Vertige (1908).
Vertige
Toutes ses toiles sont empreintes d’une inquiétante étrangeté : les lieux semblent abandonnés, les plages sont infinies et désertées, les mers sombres et insaisissables, les figures humaines spectrales ou vacillantes. On dirait que Léon Spilliaert se met au travail à l’heure où l’obscurité enveloppe le monde d’incertitude, révélant son regard rêveur et angoissé.
Léon Spilliaert est notamment connu pour ses fascinants autoportraits, qui traduisent sa quête artistique, psychologique et spirituelle. Entre 1903 et 1908, il exécute des dizaines d'autoportraitsfemme au bord de l'eauportrait en contre-jour
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Commentaires
2liedichSamedi 25 Février 2017 à 10:08Bonjour Gazou. Les lignes de fuite sont plus qu'agréables et elles me laissent en envie de connaître le chemin de ces personnages presque naïfs et pourtant si porteurs de démesure. Merci à Toi. Doux week-end. l.
Cette pêinture vraiment superbe et ne laisse pas indifférent ! J'aime particulièrement la femme au bord de l'eau. Tout peut arriver...
Les cinq oeuvres que tu montres dégagent toutes un élément de crainte, de danger,
expriment le tragique de notre situation face au mystère du monde, même la barque perdue dans les dunes. .
moi j'aime le portrait en contre jour !! trop beau -
un artiste autodidacte en effet- le talent qui a tout fait-
je lui trouve différents styles -- selon l'œuvre-
des acheteurs de renom !
merci pour ton bon billet-
bisous du samedi-c'est vraiment très étrange mais j'aime beaucoup ce sentiment de solitude, de vertige devant la vanité de nos combats, la spirale , la tourmente dans laquelle nous nous trouvons parfois mais qui nous ramène toujours à l'essentiel
Bonjour Gazou,
Je ne sais pas si je saurai avancer une préférence, parmi les œuvres que tu présentes de lui, ici. Ce qui me frappe (et qui me parle, et que j'aime, finalement), c'est toute cette solitude qui transpire à travers sa peinture, laquelle me paraît embrasser divers styles, mais comme je ne suis pas spécialiste, je vais me garder d'entrer dans mes grandes théories, et juste apprécier avec les yeux et le cœur. Car c'est avant tout cela qui compte (me semble-t-il).
Beau weekend à toi. Merci de nous ouvrir toujours un peu plus le champ des possibles, à ta manière.
FP
Ce peintre nous interpelle
et nous nous demandons pas ce que nous ressentons
mais nous cherchons à trouver ce qu'il a voulu nous faire découvrir
une belle découverte
Merci Gazou
Quelle belle découverte ! je n'ai jamais entendu son nom ni vu aucune de ses toiles et franchement j'adore ! Les dunes et cette femme sur la jetée sont d'une grande sobriété et en même temps d'une vraie richesse. Je suis tout à fait séduite par le style de ce peintre ! merci pour ce partage. Bisous
Je découvre, et je vais faire des recherches pour voir ces auto-portraits dont tu parles, c'est un thème qui m'intéresse beaucoup.
Ce qui est dominant c'est cette solitude que l'on rencontre dans ses tableaux .Une solitude face à un monde que l'on ne comprend pas. Merci de m'avoir fait connaitre ce peintre.
Bonne soirée Gazou
je ne peux m'empêcher de penser, au-travers de ce que tu nous montres de ses oeuvres, à mes grands-parents qui simultanément vivaient dans la mouvance solidaire s'une évolution populaire ... comme si lui en était le témoin muet mais observateur ... et dessinateur !
amitié .
Vertige devant l'inconnu, utilisation du noir, des spirales et méandres,le crépuscule, la pénombre, le contre-jour, errance et solitude, beaucoup de contrastes...
Je préfère l'auto-portrait aux pastels avec des gris colorés qui adoucissent les contours mais j'ai vu d'autres auto-portraits de ce peintre qui sont bien "destroyed" donc la lumière à Ostende il doit falloir la chercher pour la trouver!
Très intéressant, chaque peinture nous fait voyager, rêver, c'est ce qui me plaît l'émotion, me raconter des histoires ...
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J'aime beaucoup la figure dans les dunes et Vertige.
Merci de m'avoir fait découvrir ce peintre.
Passe une douce journée.