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Le peintre et le modèle
Silencieux,le peintre dévisage son modèle.
Il hésite,il retouche.
Le modèle fixe le peintre qui le regarde
Que déchiffres-tu en moi? Que vas-tu me révèler? Je t'interroge et tu m'interroges.
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Le silence devient de plus en plus dense,impalpable,et répond à cette double interrogation.
Dis-moi quel charme m'attire en ta présence et me fait accepter ces séances de pose que tu m'imposes?
Est-ce de te voir aussi fasciné par cette image de moi que j'ai trouvée jusqu'alors si ordinaire,est-ce ta propre fascination qui me fascine à mon tour? Où cherches-tu à m'entraîner?
-Ce qui me captive ,dit le peintre,c'est d'assister à ta métamorphose,c'est le plus profond de toi que je veux cerner et faire apparaître sur ma toile.Le lendemain,le dialogue reprend:
-Le tableau est trop sombre,dit le peintre,je vais l'alléger par une tâche claire,avance ton bras;
Docile, le modèle s'exécute...Le temps s'écoule...Le peintre est toujours à l'affût,en quête de cette trace invisible qui lui permettra de toucher le mystère....
Mais le voilà qui se lasse:"j'ai trop espéré"
-En quoi t' ai-je déçu?
-J'ai trop rêvé de toi....Tout ce que j'ai cru voir en toi,c'est moi qui l'ai inventé,imaginé,créé...Je me suis trompé...Le soir vient et je te vois telle que tu es: ordinaire, seulement ordinaire.
-Ne me regarde plus,regarde ta toile...Je suis ordinaire,cela est vrai...mais grand est ton talent.J'admire la femme mystérieuse qui a pris place sur ton tableau.Elle me ressemble mais elle n'est pas moi...Elle est ce que je pourrai être si....
-Ce que tu serais,oui, si tu ouvrais ta cage.
Où est le réel,où est le rêve?
J'ai rêvé de toi,j'ai matérialisé mon rêve et je t'ai fait naître plus belle, toujours nouvelle.
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Commentaires
1julie70Vendredi 14 Septembre 2007 à 06:23Magnifique texte! Je vois devant mes yeux ce que tu raconte. C'est un peu comme cela avec la photographie, quand je suis soudain (et souvent) fasciné par une visage, un mouvement, ce qui ressort des yeux ou une barbe.RépondreComme rien n'arrive par hasard... voici la citation qui a retenue toute mon attention ce matin "je rêve ma peinture et je peins mes rêves." Van Gogh Bonne soiréetrès jolie cette rêverie du peintre sur son modèle, "où est la réalité, où est le rêve ?"...je sens chez toi Gazou une grande quête de liberté, une exigeance de vivre l'instant. l'autre article m'interpelle beaucoup : "ne pas se soucier du résultat"...oh que j'en suis loin !Je suis toujours aussi subjugué par cette profondeur Gazou! Que de talent et que de vies vécues sent-on à la lecture de tes textes! Bien à toi Cimo.C'est curieux je termine ta rubrique "peinture" par ton très beau texte. Finalement il me conforte dans mes propos précédants. En fait le peintre ne sait pas où il va aller, ce qu'il va traduire. Ce qu'il va traduire à l'instant présent avec ses pinceaux ou ce qu'il pense au plus profond de lui-même. Là aussi merci à toi de faire travailler nos neuronnes.
ils sont troublants ces rêves au cours desquels on rêve d'une personne, bien souvent le visage n'est pas net mais on sait que c'est elle, il y a cette "essence" bienfaisante qui nous envahit lorsqu'on s'approche de ce "fantôme". La personne en réalité n'est pas que cela, la réalité peut nous la montrer sous des visages plus durs mais cette "essence" bienfaisante vit certainement au plus profond d'elle-même. C'est un bien joli texte encore une fois bisous
Bonjour
Les peintres m'ont toujours étonnés !!!
je par en ballade quelques jours
A bientôt
Jean
mieux vaut le révèler à lui-même..si on le rêve, on le prend pour ce qu'il n'est pas et on ne peut qu'être déçu et on peut faire souffrir l'autre,je crois...
Gazou ce texte me fait verser des larmes, je ne sais pourquoi encore...je vais étudier cela de plus près. je t'embrasse
Ce texte n'intérsse pas que les peintres, loin de là
Car nous nous faisons tous une image de l'autre, et l'autre se fait une image de^nous : un tableau intérieur, que chacun porte en lui
Or ce trableau est fait en fonction de nos rêves, de ce que nous voudrions que l'autre soit. Cette "image" que nous nous faisons de l'autre , correspond-elle à la réalité de l'autre ?
Si nous avons trop rêvé, l'écart risque d'être trop grand
Si en ce sens nous sommes tous des peintres, nous posons aussi devant nos proches, pour leur faire plaisir : nous essayons de nous conformer à l'image de leurs désirs.Vaste problème donc, et universel.
merci Gazou : tu nous fais réfléchir.
Réaliser ses rêves, cela donne des ailes...cela donne de l'élan..cela donne de la saveur à la vie
cela a dû toucher quelque chose de profond en toi qui a besoin d'être entendu, j'en suis touchée à mon tour
ce poème m'interpelle profondément. Je trouve que c'est un peu triste le peintre qui dit à son modèle non finalement tu es ordinaire, je t'ai rêvé et finalement je me lasse de ce dessin. Tandis qu'elle l'encourage à poursuivre...
Un modèle c'est une représentation, une esquisse qui devient dessin sur une toile mais non une reproduction exacte sinon autant prendre une photo...
Et puis je sais que c'est un poème mais cela rappelle trop les rapports humains : je t'imaginais autrement, je t'ai rêvé mieux alors non la réalité me déçoit... C'est indigne d'un peintre et injuste pour le modèle qui lui aussi espère...
Finalement il vaut mieux éviter les rêves pour ne pas être déçu de la réalité. Le talent qu'elle lui prête est peut être sa projection à elle aussi du rêve du peintre talentueux alors qu'en fait il n'a aucun talent. Tout est supercherie...
Mais ton texte reste superbe et on pourrait en discutter pendant des heures...
Il provoque en moi une colère contenue contre le peintre et aussi contre le modèle trop soumise à mon sens qui s'aveugle aussi...
bISOUS
ReGINE
C'est bien cela que je voulais évoquer..quand saurons-nous voir l'autre tel qu'ilest et non tel qu'on l'imagine? Et cependant savoir deviner ce qu'il porte en lui et qu'il ignore peut-être lui-même..et l'aider à le réaliser tout en le laissant entièrement libre de ses choix?
Je pense très fort à toi,Kasimir..Evidemment que tu peux utiliser le poème si tu le désires, il ne m'appartient pas .Je t'embrasse!
merci pour ta réflexion qui me permet d'approfondir la mienne
Non, je ne crois pas que le modèle soit soumise, je la crois simplement plus clairvoyante que le peintre qui manque de confiance en lui et se décourage trop vite..elle sait qu'il peut, à travers elle, atteindre la vérité , la beauté qu'il recherche...elle, elle n'est qu'un modèle et quand il lui dit qu'elle est ordinaire, il ne la blesse pas...car, en fait, c'est à lui qu'il fait ce reproche , c'est lui qui n'a pas un regard assez clairvoyant, assez profond pour aller au-delà de l'apparence..Je ne sais pas si mon explication est claire, j'essaie de dire ce que je ressentais quand j'imaginais ces deux personnes
non, j'ai entendu parler de peinture, je n'ai jamais assisté à une séance, j'ai tenté d'imaginer...Bonne soirée clémentine!
Ce besoin de rêver, de prendre ses distances par rapport à la réalité, de lui donner une dimension plus profonde, plus grande, il est en chacun de nous. Parfois il est un obstacel à vivre pleinement une relation comme un écran qui nous éloigne de la vraie personne.
il faut apprendre à aimer des personnes réelles, même si elles ne sont pas parfaites; Elles nous ramènent à notre propre imperfection.
Mais on ne peut pas ne vivre qu'avec une image ...
Très beau texte.
Le peintre se doit de saisir plus que les traits extérieurs, c'est l'âme même de son modèle qui devrait nous apparaître. Pour cela faut-il qu'il le regarde avec les yeux du coeur, qui eux ne trompent pas.
Belle journée Gazou
Jackie
Bonjour Gazou,
Emporté par le vitalité d'un bout d'homme de bientôt 4 ans, le temps n'est pas à la refexion philosophique, mais à l'action concrète, précise, immédiate et variée.
Je te laisse peindre tranquilement un modèle peu remuant sans me poser de question sur mon image et sur la sienne.
Je cours !
Bises du grillon
profites en bien de ton petit bout d'homme , ils grandissent si vite...Mes enfants, j'avais hâte de les voir grandir et de m'assurer que j'avais bien rempli ma mission...;mais pour les petits enfants, je suis moins pressée
27catherine2Mardi 2 Juillet 2013 à 16:44"et je te vois telle que tu es: ordinaire .."
nous sommes tous bien ordinaire et extraordianire à la fois
ton texte est tout en mouvement
bises
28Eric lMardi 2 Juillet 2013 à 16:44Nous sommes toujours à la recherche pour matérialiser nos rêves? Oui, je le crois! Sinon, on est passif, dépressif, déprimé ou on va mourire! Si on n'a pas le rêve pour matérialiser, alors la vie se termine, même si on ne est pas mort! Dans nos rêves, nous espérons toujours trop! Nos rêves sont idéaux. En réalité, nous n'atteignons jamais l'idéal. Par conséquent, nous commençons à rêver. Chacun a ses propres rêves et tous n'ont pas les mêmes compétences pour les matérialiser. Quelqu'un peut avoir un rêve pour matérialiser le rêve de quelqu'un d'autre. Tout ce qui rend la vie belle!
Gazou, bon journée à toi. Eric.
29nicole 86Mardi 2 Juillet 2013 à 16:44
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