Nathacha Appanah avait reçu avec Tropiques de la violence, le prix Roman France Télévisions en 2017.
Le ciel par-dessus le toit a été publié aux éditions Gallimard. La romancière mauricienne, qui écrit en français,
y raconte l'histoire d'Eliette, livrée à la convoitise des hommes par ses parents dans l'enfance. Arrivée à l'âge adulte,
la jeune femme a tenté d'effacer les traumatismes en faisant table rase, jusqu'à se choisir un nouveau prénom, Phénix,
pour mieux renaître de ses cendres. Mais peut-on vivre en occultant le passé ?
L'histoire : dans cette famille, il y a Eliette, alias Phenix, la mère. Paloma, la fille, et Loup, le fils. Loup a 17 ans.
Il est en prison. Loup "n'est pas un garçon comme les autres, il faut l'avouer mais qu'est-ce qu'il a exactement,
et qu'est-ce qu'il n'a pas précisément", sa mère ne le sait pas. Loup est en prison parce qu'il a pris la voiture
de sa mère, et conduit (sans permis) toute la nuit pour aller retrouver sa sœur Paloma,
qu'il n'a pas vue depuis dix ans. Comment Loup en est-il arrivé là ?
Les blessures de l'enfance ont des effets irréversibles et provoquent, comme les tremblements de terre,
des répliques incessantes sur les générations qui suivent. C'est ce que raconte en 125 pages ce roman,
dont le titre a été emprunté à un poème de Verlaine publié dans le recueil Sagesses (1880),
et que le poète a écrit pendant son incarcération en 1871 à la suite de son altercation avec Rimbaud. Un poème dans lequel il évoque les pensées qui l'occupent entre les quatre murs de sa prison.
"Les murs qui entourent, qui séparent, qui aliènent"
Comme Verlaine, Loup est enfermé. Il est bel est bien entre les quatre murs d'une prison,
N'est-ce pas plutôt en lui-même que ce garçon est reclus, victime d'une histoire qui l'a précédé ?
"Toujours et encore, il y a les murs qui entourent, qui séparent, qui aliènent", nous dit-elle..
Pendant que Phénix astique sa vaisselle, lui reviennent les souvenirs de son enfance, du temps où elle s'appelait
encore Eliette, qu'elle était cette fillette d'une beauté sauvage dont les parents faisaient, sans penser à mal,
une poupée chanteuse, habillée et maquillée comme une femme, livrée en pâture aux regards des hommes,
jusqu'à ce que forcément, ça tourne mal. Ces pensées la ramènent aux racines, pleines de nœuds,
qui emberlificotent son existence, et celle de ses deux enfants, Paloma et Loup, empêchant qu'entre ces trois-là
la vie circule "normalement".
"Un endroit ouvert sur la mer, le ciel, et la terre"
Alors, peut-on jamais voir "le ciel par-dessus le toit" ? Oui, nous souffle ce roman. "L'enfant pas comme les autres",
celui qui ne peut pas se retenir de faire des rimes, trouve le moyen de briser les murs de la prison, parce que, dit-il,
"parfois il faut savoir pour pouvoir continuer à vivre". Son acte de résistance, ouvre pour lui-même, pour sa mère
et pour sa sœur, la porte sur "un endroit ouvert sur la mer, le ciel, et la terre". Laurence Houot
J'ai beaucoup aimé ce livre, je viens à peine de le finir et j'ai déjà envie de le relire, je suis sûre que je n'ai pas saisi toute la beauté de l'écriture, la subtilité des émotions qui nous sont partagées. L'univers y est très sombre et cependant l'espoir demeure
J'ai lu ce livre le mois dernier et j'en ai été éblouie !
Merci de partager cette belle lecture.
Bonne semaine, Gazou.