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La vie dans les livres
L'écriture vient en marchant, me dit Azalaïs.
Je me garderai de la contredire car j'en ai souvent fait l'expérience : me voilà partie sur le chemin et, soudain parfois,
une phrase s'inscrit dans ma tête et je sais que c'est celle-là qui convient, que c'est celle là qui commencera
mon modeste récit..je rentre chez moi, je m'asseois et les mots m'arrivent légers et joyeux...
Mais il n'en est pas toujours ainsi.
Ce matin, après avoir fait ma toilette et pris mon petit déjeuner, je sens la fatigue qui m'amollit (cela m'arrive parfois, je sais qu'il faut s'accorder un peu de repos et surtout ne pas s'appesantir sur cet état désagréable mais éphémère....
Et voilà que ce présente à moi l'image de la maison de mes grand-parents et les quelques jours assez rares où nous y avons séjourné quand nous étions enfants....Pour moi, c'étaient de bons moments....Nous étions à la campagne, il y avait de l'espace, des animaux :des poules, des lapins, des chiens , des vaches et un cheval nécessaire pour les travaux de la ferme. J'aimais cette nouveauté qui s'introduisait dans notre vie quotidienne et la présence de la famille élargie.
Ma mère appréciait beaucoup moins, sans doute, cette vie à la campagne lui rappelait un peu trop une enfance douloureuse à la campagne aussi mais dans des conditions misérables ou peut-être craignait-elle aussi que mon père renoue avec son amour de la terre et décide de reprendre ce métier de paysan qui, pour lui, était certainement le plus beau du monde.
Aussi, les vacances avaient beau être longues, nous restions la plupart du temps dans notre petit appartement en ville.
Chaque fois que je tentais d'aider maman dans les travaux ménagers, je me faisais réprimander car je n'avais pas les bons gestes, j'étais maladroite, rêveuse, étourdie...
Elle ne voulait pas que j'aille jouer dans l'impasse avec mes frères car, dans le voisinage, il n'y avait que des garçons...
Heureusement, dans la rue voisine, il y avait une petite bibliothèque de quartier et j'y allais toutes les semaines, avide de vivre enfin car c'était dans les livres, c'était uniquement dans les livres que se trouvait la vie , c'est du moins ce que je pensais alors....et c'est cela qui m'a permis de survivre et de découvrir plus tard la vie réelle...
C'est curieux comme il suffit d'une image et d'un peu de disponibilité pour que tout un flot de souvenirs revienne à la surface.
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Commentaires
l'enfance c'est vrai est un sujet inépuisable mais parfois certains morceaux sont trop douloureux pour que l'on aie envie de les dire, alors on s'empresse de les enfouir et de faire semblant de les oublier
C'est drôle comme quand l'esprit baisse la garde, les souvenirs nous prennent par surprise. Ce sont de jolis souvenirs que tu partages là et ta maturité te permet de comprendre l'attitude de ta mère qu'à l'époque tu trouvais juste un peu bizarre. Comme toi ce sont les livres qui m'ont offert une vision du monde car autant aujourd'hui les sources d'informations sont nombreuses et souvent superficielles, autant autrefois nous nous construisions dans monde plus fermé axé essentiellement sur la famille.
Ce petit déjeuner t'a emmenée bien loin... :-) Bisous Gazou
encore une tranche de vie partagée , merci pour ces souvenirs-
oui autrefois on devait jouer entre filles --
un mot-une image et les souvenirs ressurgissent-
bravo c'est très bien écrit-J'aime la simplicité et la vérité avec lesquelles tu dis ce qui a été douloureux et marquant dans ton enfance. Cela nous touche, tous, je pense, même avec un vécu sensiblement différent.
Pour ma part, les idées me viennent souvent la nuit. Le matin je n'ai plus qu'a masseoir pour écrire. Mais ce n'est pas à chaque fois.
Les livres prennent soin de nous...
http://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/les-livres-prennent-soin-de-nous
Et l'écriture permet aussi de guérir...
Bonne nuit
Une belle émotion dans ce récit... Il est des souvenirs heureux pour certains alors que pour d'autres, c'est le contraire... toutes les craintes, les peurs, les douleurs d'antan et les doutes se réveillent.
Oui, c'est vrai il faut peu pour que remonte un peu de notre vie et de nos sentiments... ou sensations...
Amitiés
Jean
Mes plus beaux souvenirs d'enfant sont liés à la lecture, aussi...
Tu nous fais revivre les tiens avec beaucoup d'émotion et de vivacité.
Merci Gazou.
Dès lors que nous sommes en éveil, notre cerveau dévide son écheveau d'images. Il pense sans cesse. Pour le pratique et le quotidien de la vie évidemment. Mais, il s'échappe souvent et c'est ces images-là qu'il faut capter et qu'on peut, si on est sur cette pente-là, mettre en mots. Reste à savoir si nos mots vont intéresser nos éventuels lecteurs. On aura ou non, le talent de le faire ... Bon week-end ! Florentin
Tu vois bien... parfois, il ne suffit que d'un petit rien. :)Les livres, les promenades sont des ouvertures sur la vie. Et puis un jour, on écrit. Oui, je t'assure...
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une plongée toute en sensibilité dans ton enfance
cette enfance, c'est notre humus où nous avons grandi : poignant !