• "La bonne écriture"

     " L'essence de la bonne écriture n'est donc pas pour moi le talent - notion spécieuse et floue - mais le courage de dire les choses telles qu'on les a réellement perçues et non comme un consensus de personnes "autorisées" souhaiteraient qu'on les ai senties.

      Dans ce travail de cordonnier, je me suis très vite heurté aux insuffisances de langage qui découlent souvent de nos  carences personnelles, mais existent aussi objectivement...En cherchant à rédiger ce qui devait être le simple compte rendu d'une longue route, je me suis aperçu qu'un certain nombre de choses refusaient d'être dites, et que plus elles étaient centrales et essentielles, plus elles renâclaient à être réduites à des mots. La raison de cette réticence étant, je crois, que le monde est sans cesse et partout polyphonique et qu'à ce monde nous ne prêtons par"insuffisance centrale de l'âme" (Antonin Artaud) qu'une attention monodique...ou pas d'attention du tout. Quand nous lisons la partition, nous n'en lisons le plus souvent qu'une ligne."

                                 Nicolas Bouvier (L'échappée belle)

     

      En lisant ces lignes, j'ai eu l'agréable satisfaction que Nicolas Bouvier  exprimait exactement ce que j'ai bien souvent ressenti...lorsque désirant exprimer des sensations fugaces mais essentielles, j'ai eu la désagréable impression que les mots me fuyaient et qu'il n'y en avait aucun qui puisse traduire exactement ce que je ressentais..Et l'explication qu'il donne me convient tout à fait


  • Commentaires

    1
    Mardi 7 Septembre 2010 à 08:19

    Les sensations, les ressentis et les images ont précédé les mots. Et il nous en manque pour traduire au plus juste, au plus près,nos expériences de vie (c'est mon cas), ou ils n'existent pas encore...et ils restent à inventer ...et encore faut-il avoir" le courage de dire".

    Bonne journée Gazou

    2
    Mardi 7 Septembre 2010 à 09:06

    Bonjour

    Oui, c'est bien ça.... mais déjà pour écrire comme ça....

    il a déjà pris une avance sur beaucoup....

    Amitiés

    Jean

    3
    Mardi 7 Septembre 2010 à 10:27

    pour quelqu'un qui manque de mots, "l'insuffisance monodique " n'est tout de même pas si simple à comprendre lorsqu'on n'a pas de dico sous la main!

    Quand à se réclamer d'antonin Artaud pour expliquer les choses, c'est assez drôle

    4
    Mardi 7 Septembre 2010 à 10:59

    C'est comme pour la musique : les notes ne sont pas le son

    elles ne sont que des moyens pour les évoquer

    nos sentiments ne sont pas davantage  enfermés dans les mots.

    Il faut  chercher à améliorer sans cesse notre solège.

    Bisou Gazou, à bientôt....

    5
    Mardi 7 Septembre 2010 à 11:07

    Très belle citation, il a su trouver les bons mots qui ne reflètent peut-être pas totalement sa pensée...comme dans les pensées, la lecture ou autre, il y a toujours une grande part de reflet, je ne sais si on lit parfaitement ou tout du moins complètement ce que l'autre a voulu partager...j'imagine que c'est aussi pour cetteraison qu'il est intéressant de relire les oeuvres, le regard pourra êre différent en fonction des périodes de l'existence...bisous

    6
    Mardi 7 Septembre 2010 à 15:23

    C'est une sensation que l'on éprouve aussi en peinture.

    Belle soirée

    Jackie

    7
    Mardi 7 Septembre 2010 à 19:07

    Je retiens ceci "..Je me suis aperçu qu'un certains nombre de choses refusaient d'être dites, et que plus elles étaient centrales et essentielles, plus elles renaclaient à être réduites à des mots.."

    Tellement difficile d'exprimer sa pensée, son ressenti, à travers quelques mots galvaudés ou désuet, et ô combien important de poser des mots pour se faire entendre, pour être écouté, pour être compris et des mots les plus justes possibles pour que le partage soit fait en vérité. je dirais le poids des mots est important dans une balance, parfois bien plus qu'on ne le pense. Il a aussi une différence entre les mots exprimés oralement et les mots écrits, posés ou couchés sur le papier, ou sur le clavier.

    D'ailleurs je ferais bien de m'arrêter;..sur le sujet. Je t'embrasse Gazou, bonne soirée

    8
    Mardi 7 Septembre 2010 à 19:34

    peut être tout simplement parceque les mots sont difficiles à exprimer une émotion... Il y a tant de sensation et quelque fois oui, on ne trouve pas le bon terme, la justesse pour exprimer tout ce que l'on voudrait dire ou écrire... Et puis la sensation est immédiate, les mots se posent après la sensation : on n'est peut être alors pas toujours dans le même état émotionnel, non ?

    BISOUS

    Régine

    9
    Mardi 7 Septembre 2010 à 22:38

    Nicolas Bouvier exprime ce que je ressens souvent quand je veux exprimer un vécu ...le manque de mots justes . C ' est frustrant . Merci pour ce texte Gazou.Bonne soirée, bises Andrée

    10
    Mardi 7 Septembre 2010 à 23:31

    je crois que nous sommes tous dans ce cas lorsque nous écrivons

    bises

    11
    Mercredi 8 Septembre 2010 à 07:02

    "... le courage de ire les choses telles qu'on les a réellement perçue..." : voilà un éloge de la subjectivité qui dit bien que l'objectivité ne suffit pas pour dire les choses de la vie dans leur essence. Encore notre regard ne sait-il pas atteindre ces choses dans la profondeur et la complexité de leur réalité.

    Mais n'est-ce pas ce qui fait justement le grand plaisir d'essayer d'exprimer l'indicible et l'inexprimable avec les mots ou par tout autre moyen d'expression artistique ? La perfection est hors d'atteinte, mais la contemplation reste un chemin de progression possible. Et puis, ce que je ne saurais jamais dire, d'autres le feront.

    Tes textes me font toujours réfléchir, merci. François

    12
    Mercredi 8 Septembre 2010 à 08:37

    et pourtant  à quoi sert d'écrire si l'on n'est pas dans cette recherche?

    Bonne journée, Catherine!

    13
    Mercredi 8 Septembre 2010 à 08:40

    Ce sont souvent les mots les plus simples qui s'avèrent les plus justes...Merci pour ton passage, Aza !

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    14
    Mercredi 8 Septembre 2010 à 13:39

    Et si les mots pour le dire n'existaient  pas, tout simplement. Si seuls existaient d'indescriptibles sentiments ou émotions que les mots ne connaissent pas.

    Tiens, pour la prochaine fois, je t'offre un parfum, range le mais n'essaie pas de l'écrire, il te faudrait savoir tracer le graphe de la beauté de la rose...

    douceur à TOI.

    15
    Mercredi 8 Septembre 2010 à 14:59

    je pense aussi qu'il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises écritures, j'aime tout ce qui est profond sans pour autant devoir être lourd mais c'est vrai qu'on sent l'âme d'un texte et c'est cela qui nous touche

    bisous

    16
    Mercredi 8 Septembre 2010 à 15:14

    oui c'est parfois très difficile de trouver les mots justes... ou juste les mots !

    bises chère Gazou.

    17
    Vendredi 10 Septembre 2010 à 13:12

    Pour ta "désagréable imppression.." je trouve que tu as un vocabulaire bien riche ! Je réfléchis parfois longtemps pour tenter d'être précise, pour tenter de traduire mes émotions, Je vis avec un dictionnaire, c'est triste, ma tête je trouve, est souvent vide. Merci encore une fois pour tes articles si interessants.

    18
    Vendredi 10 Septembre 2010 à 13:38

    Il est effectivement parfois difficile de traduire en mots nos ressentis; je dis traduire, car le langage émotionnel et celui des mots ne sont pas sur le même plan et passer de l'un à l'autre ne peut se faire que par une approximation, une traduction d'un langage dans l'autre, pas toujours évidente. 

    19
    Vendredi 10 Septembre 2010 à 19:20

    quand les choses sont si simples, moi aussi j'ai du mal à trouver les mots...

    20
    Samedi 11 Septembre 2010 à 16:49

    A propos de "courage de dire les choses telles qu'on les a réellement perçues...", je ne me rappelle plus qui a dit un jour "je parle parce que je n'ai pas la force de me taire!

    21
    Dimanche 12 Septembre 2010 à 09:26

    Il y a un temps pour se taire ...et un temps pour parler...les deux sont nécessaires.

    22
    catherine2
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:42

    oui,   exprimer la transparence du coeur, le vulnerable, le fragile,  demande  d'abord un vrai  courage ...

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