• La boîte aux lettres d’Antonio Machado


     

     

     

     

    La boîte aux lettres d'Antonio Machado au cimetière de Collioure©V. Lamendour

     

     

     

    Caminante, no hay camino

    Se hace camino al andar

     

    Est-ce parce qu’il en va ainsi de tous les mots ardents d’Antonio Machado, que ce poète au regard d’ombre ne cesse de recevoir des offrandes, des fleurs, des signes, des billets doux ou des missives révoltées, et surtout du courrier, plus de 70 ans après sa mort ?

    Machado dort à Collioure, au pays catalan des peintres fauves, des pêcheurs, des bleus intenses de la mer et du ciel, des voiles, de la tramontane, du vin et des exilés.

    S’en venir le cœur léger voir sa tombe à l’entrée du cimetière, c’est se souvenir soudain des affres de La Retirada, apprendre que le nom des plages de la Côte Vermeille, où l’on se baignait enfant, fut celui des « camps de concentration » du terrible hiver de 1939. Et la route des vacances méditerranéennes, toute d’impatience, d’innocence, d’été et de joie, d’un prendre un sacré coup.

    À Collioure, à la casa Quintana où il fut accueilli, le poète andalou des Champs de Castille n’a pas vécu un mois. À bout de force et de souffle, après trois années passées à fuir le franquisme jusqu’à franchir exténué sous la pluie la frontière gardée, il y est mort le 22 février 1939, un mercredi des Cendres, à l’âge de 63 ans. 

    Dans la poche de son vieux pardessus, son frère José a retrouvé ce fameux « petit bout de papier froissé », sur lequel Don Antonio avait noté trois choses : les premiers mots du monologue d’Hamlet, Être ou ne pas être, là est la question ; un quatrain corrigé d’un poème dédié à Guiomar, son ultime amour secret ; et enfin ce dernier vers inédit : Estos dias azules y este sol de la infancia (Ces jours d’azur et ce soleil de l’enfance). Sa mère, Ana Ruiz, ne lui survivra que trois jours, dans cette même chambre qu’ils partageaient dans la petite pension de famille qui n’a pas bougé depuis.

    Du berceau à la tombe, tous deux reposent ensemble, mais des inconnus des quatre coins du monde se chargent depuis lors de ne pas laisser l’éternité en paix. Ô Mort la voie est ouverte annonçait Aragon dans sa « halte de Collioure », comme un cri qui ne serait pas resté lettre morte. Car même condamné à l’exode et, selon les mots de Rafael Alberti, enterré dans une autre terre, Machado est plus vivant que la plupart des vivants d’aujourd’hui.

    C’est l’histoire incroyable d’une boîte aux lettres scellée sur la tombe du poète, à l’initiative de Manolo Valiente pour conserver tant de correspondance adressée « en poste active ».

    Une boîte aux lettres qui donne un souffle neuf à l’au-delà.

    Un sens inespéré au cimetière.

    Une foi épistolaire.

    Telle une main tendue entre deux mondes, la boîte aux lettres d’Antonio Machado réconcilie le post mortem et l’ici-bas.

    On peut chanter ses sombres nuits d’été avec Paco Ibañez. Avec Goytisolo, à l’ombre de sa tombe et au son des oiseaux, on peut lever son verre. Seul, on peut oser lui écrire une lettre. Jamais elle ne vous reviendra  avec la mention "n'habite plus à l'adresse indiquée" 

     

    J'ai trouvé la photo et le texte sur le site de France Culture;

    Cette boîte aux lettre là, je ne l'ai pas encore rencontrée..Peut-être un jour...

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 8 Septembre 2015 à 14:02
    cathycat

    C'est une très belle idée et une boîte aux lettres insolite pour ta collection :-) Bisous

    2
    Mardi 8 Septembre 2015 à 14:09
    eMmA MessanA

    J'ignorais l'exitence de cette incroyable boîte à lettres. J'aime énormément cette belle idée.

    Merci pour ce partage.

    Belle journée,

    eMmA

    3
    Mardi 8 Septembre 2015 à 14:12

    Oui, je trouve ça bien rigolo... original et bien...

    4
    Mardi 8 Septembre 2015 à 15:07

    une excellente idée !

    je l'adopte

    5
    Mardi 8 Septembre 2015 à 15:11

    Je ne connaissais pas l'existence de cette boîte à lettres...

    J'aime énormément Machado.

    Merci pour la découverte et tes mots.

    Bises et douce journée.

    6
    Mardi 8 Septembre 2015 à 19:28

    Une belle idée d'article

    7
    Mercredi 9 Septembre 2015 à 05:39

    J'irai un jour... C'est beau cette histoire. Triste, mais fort.

    8
    Mercredi 9 Septembre 2015 à 10:47
    Daniel

    Quelle belle idée cette boîte aux lettres, un lien entre la terre et l'au-delà !Des lettres qui s'envolent dans le ciel, à trvers es nuages pour atteindre un monde auquel nous n'avons pas accès !

    9
    Mercredi 9 Septembre 2015 à 12:06

    Et quand la boîte aux lettres déborde, qui va la soulager pour que d'autres puissent encore écrire ?

    10
    Mercredi 9 Septembre 2015 à 13:46

    C'est insolite et beau à la fois. 

    11
    Mercredi 9 Septembre 2015 à 17:38

    Une idée originale, mais je me demande aussi qui la vide cette boite.

    12
    Mercredi 9 Septembre 2015 à 18:39

    Ce qui démontre, preuve à l'appui,  que nous restons vivant tant que nous encore dans l'esprit et le souvenir des gens. Et cclui-là avait une  sacrée longévité, puisque 70 ans après sa mort, on lui écrit encore...

    13
    Mercredi 9 Septembre 2015 à 21:59

    J'aime beaucoup cette bien belle histoire ! Merci de ce partage incroyable... Très émouvant ! Bisous

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    14
    Jeudi 10 Septembre 2015 à 08:37
    Si je peux dans les mois à venir, j'irai sur cette tombe.

    Beau sujet.
    15
    Jeudi 10 Septembre 2015 à 09:03

    Sa tombe va finir par déborder de courrier, je trouve l'idée excellente smile

    16
    Dimanche 13 Septembre 2015 à 17:35

    J'ai été plusieurs fois à Collioure, joli village que l'on n'oublie pas, symbole pour moi du fauvisme. 

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