• L'écriture

    "L'écriture est depuis toujours pour moi un chemin et une réparation. J'ai l'impression en écrivant de restaurer quelque chose. La vie de mon grand-père paternel avait été volée ppar le travail, celle de ma grand-mère maternelle par la maladie. Elle fut en effet enfermée très jeune à l'hôpital psychiatrique pour paranoïa. Bien avant mes parents, quelqu'un avait donc commencé un chemin qui n'avait pas pu se poursuivre à cause du mensonge du monde. C'est ce chemin-là que je voudrais rouvrir. Adoescent, quand j'écrivais, la photographie du visage de ma grand-mère était devant moi, sur ma table de travail. La première plaquette,Le feu des chambres,a été imprimée à l'atelier d'imprimerie de l'hôpital de Dijon où était ma grand-mère.  L'écriture, ce sont des filiations comme ça. Les gens nous dictent quelque chose . Quelqu'un,  dans les générations précédentes, m'a mis la main à la plume . Est-ce qu'on peut consoler un mort ? Moi, je crois que oui.

    Par l'écriture entre autres. Il n'est peut-être jamais trop tard pour consoler quelqu'un."

     

    .                                                                                                                Christian Bobin


  • Commentaires

    1
    Jeudi 10 Février 2011 à 07:17

    L'écriture comme une rédemption, comme un ruban que l'on déroule depuis l'origine vers demain...

    2
    Jeudi 10 Février 2011 à 09:05

    l'écriture est un témoignage, la peinture aussi, pour moi

    3
    Jeudi 10 Février 2011 à 09:45
    Pourquoi ne pourrait on pas consoler une âme? L'amour ne connait aucune frontière et surtout pas celle de la mort et c'est en cela que nous sommes en mesure de la vaincre...
    4
    Jeudi 10 Février 2011 à 09:52

    ça me met mal à l'aise. Ce texte sur la filiation, les revanches à prendre, brr. Je ne sais pas très bien expliquer, mais on fait dire aux morts ce qu'on veut et ça me dérange.

    5
    Jeudi 10 Février 2011 à 09:54

    Je crois que tu as raison, Gazou, il est possible de consoler un mort, ou peut-être de réparer en lui ce qui avait été brisé... et je le crois d'autant plus quand cette personne fait partie de notre arbre généalogique.

    Belle journée Gazou... et continue à nous délivrer des feuilles de l'arbre !

    6
    Jeudi 10 Février 2011 à 10:39

    Il n'est peut-être jamais trop tard pour consoler quelqu'un... Qui sait ???

    Belle journée Gazou

    7
    Jeudi 10 Février 2011 à 10:43

    bonjour

    A mon humble avis on ne peut pa soncsoler un mort....puisse-ton penser que là où ils sont, il le sont c'est tout....

    Mais à leur mémoire faire quelque chose de bien ... nous apporte à nous pas à eux !!!

    Sincèrement

    Jean

    8
    Jeudi 10 Février 2011 à 11:47

    Ecrire, n'est ce pas apprendre à exprimer ce que l'on a tant de peine à dire ? Jeune adulte, je m'y étais essayé un peu. Je m'y suis remis depuis deux ans, découvrant ainsi en moi l'enfant qui n'avait pas existé et qui était en colère.

    Consoler un mort, je crois que c'est apprendre à dire les paroles qui auraient pu le consoler. Ce que j'écris est aussi à l'intention de mes parents comme de tous mes proches. 

    9
    Jeudi 10 Février 2011 à 14:31

    Les mots tissent des liens invisibles entre les hommes à travers le temps

    10
    Jeudi 10 Février 2011 à 14:50
    C'est un maitre sans conteste.
    11
    Jeudi 10 Février 2011 à 16:19

    Je pensais que tu écrivais TOI.... et puis j'ai vu BOBIN.... Il écrit bien aussi ce bougre. Merci.

    12
    Jeudi 10 Février 2011 à 17:40

    Bel hommage à l'écriture mais aussi à votre grand-mère

    13
    Jeudi 10 Février 2011 à 17:55

    C'est un écrivain que j'ai lu grâce à toi.

     

    Merci pour les extraits que tu continues à nous montrer.

    Bonne soirée, Gazou.

    14
    Jeudi 10 Février 2011 à 18:24

    Je ne sais pas, je crois qu'en écrivant c'est soi-même que l'on console, comme une autothérapie qui aide à résoudre ses problèmes profonds.

    Bisous Gazou et bonne soirée à toi.

    Je te remercie pour ton commentaire. 

    15
    Jeudi 10 Février 2011 à 19:08

    très juste, ces messes pour les défunts répondaient au même besoin..il nous faut maintenant trouver de nouveaux rites ou savoir redonner sens aux anciens

    16
    Jeudi 10 Février 2011 à 19:47

    L'ecriture c'est quelquechose ! et ça peut reparer.....!!  un beau don en tout cas !

    17
    Jeudi 10 Février 2011 à 19:58

    il n'est jamais trop tard pour consoler, même vivants notre identité véritable elle, est hors du temps... d'ailleurs parfois on a les réponses avant les questions... et pour ce qui ne se formule pas en mot... quand les questions se posent... on sait déjà...

    doux bisous à toi et merci pour ce partage

    18
    Jeudi 10 Février 2011 à 21:36

    De Bobin, j'ai beaucoup aimé le Très-bas, des passages de l'autoportrait au radiateur, mais dans d'autres romans, il m'a un peu lassée. Ecrit-on pour consoler nos morts ? Peut-être que ... Oui et non ! Ce qui est sûr, c'est que nous avons tous des blessures qui n'ont pu être exprimées - donc lavées, pansées - et qui se sont peu ou proult infectées. Avec le temps, certains trouvent les mots qui les font entrer dans une sorte de guérison où le manque devient appel à plus de vie. Partager ces mots leur confère une valeur plus large que celle de sa propre histoire. Et la paix, doucement, peut sourdre du coeur et continuer son chemin vers l'avenir. Elle ne remonte pas le courant, mais celui qui a la foi peut penser qu'il réjouit ses ancêtres en accomplissant ce travail de pacification, pour lui-même et ceux qui l'entourent. Bonne soirée Gazou !

    19
    Jeudi 10 Février 2011 à 22:28

    J'aime beaucoup ce que dit Nicole 86

    et je trouve que ça répond très bien à la critique portée par Aude.

    Aude cependant a raison.

    C'est une façon très simpliste de dire que l'on console le mort.

    Car cela suppose qu'il est dans un autre lieu et vit une autre vie.

    C'est du délire imaginatif,

    et si l'on suit cette façon de penser, Aude a raison :

    on fait dire ce qu'on veut aux morts.

    Mais où sont les morts ?

    En nous.

    Je ne sais comment, selon quel statut,

    mais nous les portons en nous,

    dans notre psychisme, ou disons dans notre coeur ou notre âme.

    Si en nous ils "souffrent",

    s'ils sont dans une situation de conflit (avec nous)

    c'est nous qui souffrons.

    C'est un besoin vital  pour nous de les consoler  de leurs malheurs,

    de tout ce qui a été difficile dans leur vie.

     


    Quand nous les aurons "consolés",

    et éventuellement quand nous aurons fait la paix avec eux,

    quand nous leur aurons pardonné le mal qu'ils nous ont peut-être fait,

    alors la paix reviendra "en eux",

    c'est-à dire en nous.

    Tant que le "mort" est en en enfer, nous y sommes avec lui.

    Tant qu'il est au purgatoire, nous y sommes avec lui.

    Quand enfin il "monte au ciel", nous y montons avec lui.

    Enfer, purgatoire, paradis,

    ce sont des images symboliques pour décrire nos états intérieurs,

    nos rapports avec ceux qui faisaient partie de notre vie mais ne sont plus là.

    C'est l'effacement de tous les contentieux,

    de toutes dettes, des leurs comme des nôtres.

    Il ne reste plus alors que de l'amour : ils sont "consolés",

    et nous, nous sommes sauvés.

    Alors Aude, il n'y a pas de quoi être gênée.

    C'est seulement une façon de parler.

    Elle n'est pas "scientifique", elle est "imagée", mais elle est juste.

     

    Mais il ne s'agit pas de ça.

    20
    Jeudi 10 Février 2011 à 22:33

    "mais il ne s'agit pas de cela"

    n'est pas au bon endroit

    c'était la 9me ligne

    21
    Vendredi 11 Février 2011 à 07:59

    Je voulais te répondre et je ne trouvais pas les mots et je vois , ce matin, que Kasimir t'a répondu.....Bonne journée!

    22
    Vendredi 11 Février 2011 à 18:54

    C'est extra-ordinaire de lire cela maintenant, alors que je viens d'en parler il y a une heure, la réparation des liens avec les morts....Je viens de commencer un travail sur le sujet par la généalogie, l'arbre il est monté...maintenant j'essaye de comprendre. J'ai beaucoup d'espoir ! Bobin ne fait que me rassurer dans cette démarche...Merci Gazou

    23
    Jeudi 17 Février 2011 à 09:36

    Bonjour Nelly

    "consoler les morts"

    tout dépend comme l'on entend cette expression

    Pris dans son sens premier, elle peut paraître absurde

    Mais chez Christian Bobin, tout est symbolique

    nous ne sommes pas séparés,autant que nous le croyons, les uns des autres...et les morts vivent en nous..et ce n'est que dans ce sens là que nous pouvons les consoler

    Merci pour ton passage et ta participation...Chacun a le droit de dire ce qu'il pense et ressent...Bonne journée, Nelly !

    24
    Samedi 19 Mars 2011 à 09:25

    oui je reste perduadée que l'écriture à aussi et surtout le pouvoir de nous aider à passer les épreuves , en tout cas certaines grosses épreuves, écrire quand plus rien ne va, ou que le chagrin est trop fort voilà ce que m'avait conseillé un médecin quand dans ma vie c'etait devenu très difficile, je m'y suis mise et cela m'a fait du bien depuis je vais mieux, mais j'ai pris le gout d'écrire, écrire c'est un peu comme peindre , s'exprimer par des mots ou par des formes et des couleurs c'est un peu la meme chose il me semble aussi 

    25
    Dimanche 20 Mars 2011 à 10:17

    Je suis tout à fait d'accord

    Merci pour ton passage

    Le lien vers ton blog ne fonctionne pas...Dommage!

    Bon dimanche

    26
    nicole 86
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:37

    Il n'est peut-être jamais trop tard pour consoler quelqu'un."

    Qui soignait Christian Bobin en consolant sa grand-mère ? Sa grand-mère, peut-être, lui-même, probablement, et aussi ses enfants et petits enfants parce que maintenant la mémoire de sa grand-mère peut reposer en paix.

    D'autres hommes, moins rationnels peut-être, sur d'autres continents prennent soin de leurs morts et de l'âme des anciens. Je sais, tout au fond de moi, que ce travail de consolation répare non pas une personne mais une lignée. Autrefois, les endeuillés faisaient dire des messes pour le défunt, c'était une façon ( qu'on peut juger  conventionnelle) de prendre encore soin d'eux.

    27
    Chamard Nelly
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:37

     Bonsoir Solange,

    Je ne peux rester indifférente à ta question :"est-ce qu'on peut consoler un mort ...par l'écriture .? ".. Avec le respect  de diverses croyances et sentiments que je porte à l'égard des gens,et très personnellement, je réponds que l'on ne peut respecter un mort, il faut le faire avant sa mort, ou respecter l'image qu'a le vivant de la personne morte, en demeurant bien conscient que si ce respect qu'on semble lui porter nous apaise et nous persuade, alors respectons le . pour l'instant , je n'ai vu aucun mort revenir me dire qu'il est bien...ou mal ...là où il est .

    Chaque vivant porte un mort en lui, mais , à mon avis, il ne doit en aucun cas se laisser submerger.il est vai que le "travail" du deuil est très personnel  et que ce travail passe de la "torture" à  " élévation" .Ce serait bien de se concentrer sur cette élévation. Nos parents disaient la joie doit primer sur la peine.Comment "consoler" un mort qui n'a plus besoin d'être consolé ?Pour nous consoler nous-mêmes, Vivons!

    Je pense, par ailleurs que l'écriture peut être "thérapie" mais elle ne doit pas non plus être seulement "thérapie", elle peut être : épanouissement, réjouissance d'une création, la photographie d'un état d'âme, la gravure  de mille joies, la satisfaction de laisser un témoignage pas aux morts, aux vivants.

    J'espère que je ne choque pas , mais c'est mon avis intime .

    Bonne soirée , Solange.

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