Par
gazou . dans
Livres le
2 Octobre 2009 à 07:16
Dès les premières lignes de ce livre, je sens que ce qui pourrait paraître ordinaire va devenir ici le lieu de l'extraordinaire tant l'auteur sait nous le rendre dense et passionnant, tant
elle sait nous faire voir l'invisible, tant elle sait creuser en profondeur le matériau le plus banal : ..Qu'elle raconte la nuit, l'orage,, un repas du dimanche ou la campagne au mois de
juin, elle sait en extraire le merveilleux et nous le donner à voir
Un agriculteur qui vit seul avec sa soeur, ses deux oncles dans une petite ferme du Cantal fait paraître une annonce car il a décidé de se trouver une femme " à son côté pour les jours et
les nuits pour vivre et durer"...Il la rencontre, elle a un fils..
.Il ne lui cache rien..Ce sera dur pour elle de se faire accepter par "le trio des autochtones" mais il a aménagé la grange pour s'y installer avvec elle et son fils... et les autres
s'habitueront...
Ses personnages sont des taiseux, incapablesd'" enjuponner de bavardages commodes" leurs gestes quotidiens. Mais elle sait admirablement pénétrer leur âme, les comprendre de
l'intérieur...et même si les deux oncles et la soeur peuvent parfois paraître racistes et méchants, elle ne porte jamis le moindre jugement sur eux...L'apparence n'est pas toujours la réalité.
En voici quelques extraits
"La nuit de Fridières ne tombait pas, elle montait à l'assaut, elle prenait les maisons les bêtes et les gens, elle suintait de partout à la fois, s'insinuait, noyait d'encre le contour des
choses, des corps, avalait les arbres , les pierres, effaçait les chemins, gommait, broyait."
En juin, le pays était un bouquet, une folie. Les deux tilleuls dans la cour, l'érable au coin du jardin, le lilas sur le mur, tout bruissait frémissait ondulait...
"Il avait craché tout ça par morceaux, par blocs erratiques, comme abasourdi de se découvrir sur le tard si encombré d'images rugueuses...
"Elle apprenait la lumière qui réveillait chaque chose, l'une, l'autre ensuite visitée prise nimbée.....
"Les mots ne venaient pas à Annette; on jugeait qu'elle manquait de chaleur, d'initiative, de dynamisme. se forcer était pire, sonnait faux, frôlait l'impossible, la laissait exsangue et comme
hébétée.."