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J'ai chanté - Guillevic (Relier)
"J'ai chanté.Le soleil enthousiasmait la plaine
Et je les regardais. J'entendais les grillons
Faire tout un volumr où sautaient des rayons
C'était de ces grands jours où le ciel se surmène.
La vigne interrogeait pourquoi l'ombre lointaine,
Des pierres paraissaient près de la rébellion,
Cependant que pouvaient bouger des papillons
Sur des fleurs qui gardaient leurs secrets avec peine.
Je voyais, j'entendais, je vivais le soleil,
J'étais en mouvement dans l'immense appareil,
J'étais ce mouvement qui porte la lumière.
J'étais ivre, bien sûr, et de lucidité.
Ma vie avait changé. La vie était entière.
J'étais admis parmi les hommes. J'ai chanté.
J'ai confirmé mon droit de chanter sur la terre,
J'ai chanté, j'ai laissé ma voix se promener
Pour le plaisir de dire et de s'abandonner,
De se sentir, comme le vent, élémentaire.
J'ai chanté. je savais que j'étais feudataire
Des hommes de mon temps. Je me suis acharné
A chanter nos bonheurs et nos deuils alternés,
J'ai chanté notre espoir . Je ne peux plus me taire.
Je n'aurai pas fini. Je crois que je commence
Et je chante encore mal et la tâche est immense.
Je chanterai plus haut, je chanterai plus fort.
Si le sort ne vient pas m'empêcher de poursuivre,
J'aurai fait mon devoir lorsque viendra la mort,
J'aurai vécu la vie autant qu'on peut la vivre."
Guillevic (novembre 1954)
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Commentaires
Je ne connaissais pas non plus cet auteur... mais c'est un régal! Et il y a tant de joie humble!
quel magnifique poème, Guillevic est tellement proche des gens que tout le monde perçoit quelque chose de ce qu'il dit
même quand il est très bref
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J'ai appris un nouveau mot feudataire (personne qui possédait un fief et devait foi au seigneur suzerain)
bises et bon après midi