• Henri Michaux (1899-1984)

    "J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire: me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie" affirme Henri Michaux dans Passages (1950). Toute l'oeuvre de ce poète, né à Namur, consiste en effet en une périlleuse traversée de ce qu'il appelle "l'espace du dedans". Et c'est l'un de ses traits les plus remarquables que de nous parler de l'être, et donc de nous-mêmes, comme d'un territoire à explorer, d'un paysage dont l'apparente stabilité dissimule de minuscules ou spectaculaires événements....

    Cette incessante mobilité -doublée d'une intense mobilisation- est le plus efficace remède que Michaux ait trouvé à sa vulnérabilité, à son insatisfaction et son défaut d'être. L'homme, tel qu'il nous le présente (sous les espèces de son héros Plume, par exemple) est une créature précaire, sans appuis, sans identité, livrée à l'aléatoire, jetée brusquement dans le monde où elle n'a pas sa place assurée, où elle doit sans cesse réapprendre à vivre, où il lui faut se protéger contre des forces adverses, se préserver de ses propres démons, et résister à la tentation de céder et de dormir.

    L'être de Michaux donne ainsi le sentiment d'une privation, d'une inadéquation foncière entre soi et le monde, d'une division intérieure intolérable. Il se trouve sans cesse aux prises avec une agitation intestine de figures contradictoires. Ce moi "en difficultés" s'effondre en lui-même. C'est celui d'un petit être au souffle court, aux muscles faibles, aux os fragiles: une créature chétive sujette à toutes sortes de vertiges et de métamorphoses, et qui va donc multiplier les mouvements et les passages pour tenter de se délivrer" Jean-                                                                     Marie Maulpoix

     

    Quelqu'un m'ayant demandé des renseignements sur  cet écrivain qui fut aussi peintre..J'ai trouvé ce texte qui me semble donner une idée assez exacte de Henri Michaux..J'aime cet auteur parce qu'il me déconcerte,parce qu'il me transporte dans un ailleurs insaisissable, parce que...je ne sais pas,parce qu'il m'étonne,je crois...

     

    "Quand on marche dans la campagne,lui confie-t-elle encore,il arrive que l'on rencontre sur son chemin des masses considérables. Ce sont des montagnes, et il faut tôt ou tard se mettre à plier les genoux. Rien ne sert de résister, on ne pourrait plus avancer, même en se  faisant du mal." (Je vous écris d'un pays lointain)


  • Commentaires

    1
    Jeudi 9 Juillet 2009 à 09:26
    On peut aimer quelqu'un pour de multiples raisons... toutes sont bonnes, et, la plupart du temps, elles nous renvoient à notre propre image.

    Michaux a écrit de très beaux textes, et d'autres que j'ai moins aimés.

    Je suis contente que tu en parles.

    Merci.
    2
    Jeudi 9 Juillet 2009 à 20:42
    trop heureuse d'en savoir plus sur cet homme. Tu sais en lisant le titre de l'article je me suis écrié "chouette"!!!! merci...
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    3
    Vendredi 10 Juillet 2009 à 03:08
    Son sujet est vaste et doit être très intéressant.Je ne le connais pas mais je vais voir si je peux me le trouver ici.
    4
    Vendredi 10 Juillet 2009 à 17:58
    Oui nous sommes bien cette "créature précaire, sans appuis, sans identité, livrée à l'aléatoire, jetée brusquement dans le monde où elle n'a pas sa place assurée, où elle doit sans cesse réapprendre à vivre, où il lui faut se protéger contre des forces adverses, se préserver de ses propres démons, et résister à la tentation de céder et de dormir."... et il nous faut bien ployer les genoux devant les montagnes à moins de savoir entrer en leur coeur...

    Merci pour ce magnifique hommage à un poète sit "surréléaliste" et qui a le "sens pratique" des âmes livrées à notre monde toujours étonnant... Namur, les Ardennes rêvées d'André Dhôtel, la Belgique des rêves de Paul et André Delvaux, Christiana Moreau & Henri Michaux...

    Je t'ai écrit une petite réponse par chez moi, chère Amie Gazou !
    5
    Vendredi 10 Juillet 2009 à 23:16
    un texte agréable.
    clem
    6
    Vendredi 24 Juillet 2009 à 15:02
    Je viens de parcourir la richesse de tes textes ou de ceux d'auteurs que tu aimes et affiches.
    Michaux est un vieux copain, il est de ceux qui ont compris que le langage est aussi un jeu, mais pas seulement, je crois qu'il a saisi que le temps n'est pas celui qu'on connaît, il est relatif et lié à un réel qu'on ne comprend pas, Qu'est-ce que le réel?
    Comment l'appréhender?
    vaste débat.
    J'avais mis un texte de Michaux un jour, il s'appelle "dimanche à la campagne", il est sous mon article, j'adore ce texte parce que les mots déformés en disent très longs, et pourtant ils n'existent pas dans la langue.
    http://mpolly.over-blog.com/article-13319185.html
    7
    catherine2
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:56
    Voila qui donne envie d’aller à la rencontre d’Henri Michaux,
    Qui me donne envie de me poser, de fermer mes dossiers ...
    Comme une histoire qui commence, une histoire à inventer .. il était une fois un être imparfait ...
    8
    Dimanche 17 Avril 2016 à 10:30

    En effet, j'étais loin de connaître Michaux aussi bien que toi !

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