• Et si on en parlait

    Elle me parle d'une amie  qui a un cancer et plein de métastases dans tout le corps.

     

    Elle s'étonne qu'elle n'éprouve pas le besoin de parler de  sa disparition prochaine , au moins avec ses plus proches amis. Il lui semble qu'elle, elle aurait envie de parler , en toute vérité, avec ceux qui ont su créer des liens avec elle...Et j'éprouve , moi aussi, la même sensation;

     

    Puis elle me dit : "A un moment, elle m'a déclaré qu'elle espérait être encore là pour Noël".

     

    Mais lui dis-je, si elle t'a dit  cela, c'est bien qu'elle est consciente de son état et qu'elle sait qu'il lui reste peu de temps..

     

    C'est vrai, me répond-elle, mais je n'en ai pas pris conscience et nous avons parlé d'autre chose.

     

     

    Alors je lui raconte que j'ai vécu un peu la même expérience il y a quelques mois...

    Je me promenais avec une voisine qui avait été opérée d'un cancer quelque temps auparavant.

    Elle marchait plus allègrement que moi.

    Et voilà que je l'entends dire :"Mes enfants ont perdu leur père   au début de l'année, si dans la même année, ils perdent leur mère, c'est vraiment beaucoup...."

    Je l'ai trouvée bien pessimiste et je n'ai pas su que lui répondre tant il était évident pour moi qu'elle était en voie de guérison...

    Mais elle, elle ressentait bien qu'en dépit des apparences, elle n'en avait pas fini avec la maladie...et elle aurait sans doute aimé en parler...Et je n'ai pas su l'entendre et l'écouter...Et nous avons parlé d'autre chose....

     

    Qu'il est difficile d'être vraiment à l'écoute de l'autre, d'être en empathie...

     

    Et pourtant, si l'on n'est pas vraiment en recherche de cette écoute, à quoi bon vivre?

     


  • Commentaires

    1
    Samedi 24 Novembre 2012 à 13:22

    Les meilleurs "onterlocuteurs" sont ceux qui écoutent, mais bon sang qu'est-ce que c'est parfois difficile d'écouter ... et de comprendre !

    2
    Samedi 24 Novembre 2012 à 13:38

    Tu parles d'un sujet qui me préoccupe beaucoup et depuis très longtemps. Mon père est mort d'un cancer il y a plus de trente ans. Maman savait, nous savions, il savait, mais personne n'en a jamais parlé, n'a jamais voulu prononcer le nom. Depuis j'ai toujours refusé de me voiler la face vis à vis de la maladie. Il s'agit ni de la minimiser, ni de la dramatiser, juste de la considérer comme un événement de la vie. Mais je connais beaucoup de personnes qui ne savent pas (ou ne veulent pas) encore lever le tabou. Il faut respecter l'évolution de chacun vis à vis de ce problème... Et puis dans l'exemple que tu nous cites, il y avait peut-être un problème de moment, d'endroit, de surprise. Parler légèrement et de façon impromptue d'un sujet grave peut-être déroutant et la communication n'est pas toujours facile, surtout si les règles sont un peu perturbées ou manquent de clarté.

    Oh Gazou, ton propos me parles bien, comme j'aimerais connaître la réponse (mais y en a-t-il UNE ?). Merci pour cette piste de réflexion et excuse la longueur de mon com. Gros bisous

    3
    Samedi 24 Novembre 2012 à 16:38

    pas évident de rassurer qq de lui faire penser à autre chose

    4
    Samedi 24 Novembre 2012 à 17:17

    chaque ressenti est si personnel

    aujourd'hui, ici et maintenant je dis que je ne parlerai pas de ma maladie

    je ne pourrai pas

    5
    Samedi 24 Novembre 2012 à 17:24

    On est souvent mal à l'aise avec la maladie et la mort, la peur de faire plus de mal que de bien.

    6
    Dimanche 25 Novembre 2012 à 09:45

    On ne peut pas toujours... je crois que c'est parfois seulement parce qu'on n'a pas envie de voir l'autre disparaître de sa vie.

    Mais j'ai peut-être tort.

     

    Passe une douce journée, Gazou.

    7
    Dimanche 25 Novembre 2012 à 09:47

    Pour avoir accompagné pas mal de personnes en fin de vie dans mon boulot d'auxiliaire, les gens acceptent rarement d'admettre que c'est la fin. 

    8
    Dimanche 25 Novembre 2012 à 15:05

    Nous avons le fâcheuse habitude de ramener tout à nous et écouter, s'est s'oublier...

    Belle soirée gazou.

    9
    Dimanche 25 Novembre 2012 à 17:55

    Ton paquet est prêt et sera posté demain...

     

    Je suis heureuse que Papilio s'envole vers toi.... Un grand merci !

    10
    Dimanche 25 Novembre 2012 à 19:09

    l'empathie = dur dur !!

    11
    Dimanche 25 Novembre 2012 à 21:06

    Ce n'était sans doute pas le bon moment, le bon lieu... Il ne faut pas t'en vouloir, Gazou.

    12
    Dimanche 25 Novembre 2012 à 23:45

    Quand le père de mes enfants me parle de sa maladie, de son espoir d'être encore là pour Noël, je n'esquive pas et cherche avec lui toutes les bonnes choses qu'il peut vivre, et les effets de la chimio sur son corps. L'espoir lui revient et il parle de l'été prochain même si son état lui laisse peu d'espoir

    13
    Lundi 26 Novembre 2012 à 07:20

    Bonjour Gazou,

     

    Il faut du temps pour savoir parler aux autres lorsqu'ils sont malades.

    Ce n'est pas simple de trouver le bon registre, quand l'autre a besoin d'entendre des paroles d'espoir, tout en sachant au fond de lui même que son temps sur terre sera court.   On dit que l'espoir fait vivre, et c'est vrai.  Celui qui est souffrant a besoin d'écoute, mais en même temps n'aime guère qu'on s'apitoye sur son sort.  Il convient de le traiter en égal, en compagnon de route. 

    Je viens d'en faire l'expérience personnelle, et à travers elle, j'ai encore appris !

     

    Bises

     

    Christian

    14
    Lundi 26 Novembre 2012 à 09:14

    Je crois, pour moi du moins, que se taire est souvent une solution de facilité...

    Mais parler à tort et à travers n'est pas mieux non plus

    Bonne journée Nicole!

    15
    Lundi 26 Novembre 2012 à 18:56

    Ce texte est touchant. C'est vrai, c'est difficile d'être vraiment à l'écoute de ceux qui nous parlent. On est trop souvent trop centré sur nous-mêmes.

    16
    Jeudi 29 Novembre 2012 à 18:55

    Tu peux remettre des commentaires!  tant mieux!

    17
    Marico
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:18

    Comme tu as raison Gazou.   Il est bien difficile d'être totalement à l'écoute, surtout lorsque quelqu'un frôle la mort!  Cependant, il faut s'y employer de tout son coeur! Ton message m'a remuée. Merci.

    18
    nicole 86
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:18

    Que ma posture permette à l'autre de se dire, dans ses peurs, dans sa colère, dans sa jalousie, dans sa terreur, dans sa culpabilité dans ... Si je ne me relie pas à Celui qui est plus grand que moi, à Celui qui nous relie, je n'y arrive pas. Alors si parfois "ça" fonctionne, cest que je Lui ai laissé la place en donnant à l'autre sa place.

    Et puis il n'est pas toujours facile de dire sa fragilité, le creux de l'absence, les révoltes de l'isolement et de l'exlusion,  peut-être parce qu'il vaut mieux me taire

    Bon dimanche Gazou

    19
    maryse
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:18

    Quelles merveilleuses photos.  D'une beauté!

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