•  

     

    Marie Noël

    venait de lire son célèbre poème "Quand il  est entré dans mon joli clos",

    et on lui demandait si elle travaillait ses vers, elle répondit :

     

      "Vous voulez savoir si je les ai  travaillés ,

    Oui, je les ai travaillés. Je ne fais jamis les choses d'un seul coup. Je trouve d'un seul coup. C'est une joie, quand ça m'arrive, absolument...

      Par exemple, quand ontrouve un champignon dans un pré, alors on est content, mais un champignon, cela ne fait pas un plat de champignons.Eh bien ! Un vers ou une strophe, cela ne fait pas un poème.

      Alors après, il faut s'arranger de façon à ce que le poème qu'on fera, la strophe qu'on finira, ne détruisent pas la chose originelle qui est la chose importante et c'est ça le gros travail !

      C'est d'arriver à mettre les mots les uns à côté des autres, qui n'enlévent pas la simplicité du début.

      Alors, il faut arracher toute la littérature, il faut enlever tous les mots qui sont trop jolis, qui adoucissent; Il ne faut garder qu'une seule chose : le mouvement !

      En avant, comme une balle de fusil, qui doit aller à son but."

     

    Pour ma part, j'aime beaucoup cette façon de décrire la part de l'inspiration et la part du travail qu'il y a dans tout poème


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  • "Ce besoin d'écrire,je le comprends aussi, je crois.

     

    C'est une autre façon de posséder, de tirer vers soi les choses par des mots et des images, de se les approprier ainsi.

    Voilà de quoi était fait jusqu'à présent mon besoin d'écrire : me cacher loin de tous avec tous les trésors que j'avais accumulés, noter tout cela, le retenir pour moi et en jouir.

     

    Et cette rage de possession - je ne trouve pas de meilleure formulation - vient brusquement de me quitter.

    Mille liens qui m'oppressaient sont rompus, je respire librement, je me sens forte et je porte sur toutes choses un regard radieux.

     

    Et puisque, désormais libre, je ne veux plus rien posséder, désormais tout m'appartient et ma richesse intérieure est immense. "       

     

                                                      Etty Hillesum (Journal page 23)


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  • Jour après jour

    j'apporte ma pierre

    sans tapage 

    sans impatience

    mais avec constance

    je l'édifie ma cathédrale

     

     J'apporte ma pierre

     je la joins

     à celle de la veille

     je m'émerveille

    de la voir si bien accordé

     

    J'avance

    Il n'est pas de chemin

    Ce sont mes traces qui font

    le chemin.

     

    De première fois en première fois

    j'élargis mon horizon

    je repousse les murs de ma prison interne

    j'abats les interdits.

     

    Je cueille ce que le jour me donne

    je l'associe à tous les autres

    qui, comme moi,

    construisent la cathédrale.

    ensemble nous avançons,

    nous apportons nos pierres,

    nos mots.

     

    Je bâtis ma maison de mots

    Peu importe leur valeur objective.

    De ces mots,

    peut-être brins de paille pour certains,

    jaillit un peu d'essentiel.

     

    J'ai besoin de leurs traces

    pour donner sens à ma vie.


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  •  Montaigne écrivait:

     

     «Je trouve que,

     faisant le cheval échappé,

     mon esprit m'enfante tant de chimères et monstres fantasques

     les uns sur les autres, sans ordre et sans propos,

     que pour en contempler à mon aise l'ineptie et l'étrangeté,

     j'ai commencé de les coucher par écrit, "

    espérant avec le temps lui en faire honte à lui-même.»


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  • "Ecrire, c'est entrer en silence, parler à voix basse pour quelques-uns qui entrent en silence avec vous pour qu'ils reconnaissent une voix qui monte du fond d'eux-mêmes."   Jean Sulivan

     

     

     

     

    L'écriture, comme une halte,

    c'est une image qui me parle bien


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