• Achille et Marguerite

    Les-99ans-de-Dina-et-chez-Jean-Luc-et-Josette-le-6-septembre2007-037.jpg Cette année-là,je participais à un atelier de théâtre amateur et le metteur en scène nous avait demandé d'écrire un texte sur notre personnage pour le présenter...Je devais avoir quelques affinités avec car je m'étais incarnée,sans difficulté, dans cette Marguerite,dès la première séance...Et puis bizarrement,je l'avais perdue,je ne la sentais plus....Un jour,le metteur en scène m'a proposé d'entrer sur la scène en chantant et c'est alors que je l'ai retrouvée...Voici le texte écrit à ce moment là,en quelques minutes,avec un grand bonheur:



             Petite fille,Marguerite adorait rêver,
             c'était son occupation préférée;
             docile,elle faisait tout ce qu'on lui disait,
             mais dès qu'elle en avait fini avec les tâches imposées,   
             dans sa bulle,elle s'envolait
             et là,c'était l'harmonie,la fantaisie,
             toutes les couleurs de l'arc en ciel
             se fondaient en une seule
             transparente et cristalline.

             Mille personnages par elle-même inventés   
             dans son univers de rêve virevoltaient
             et chaque jour de nouvelles aventures ,elle leur créait.
             Elle vécut ainsi longtemps,réfléchie et songeuse
             sans prêter attention à son corps qui la voulait femme
             et exigeait de plus substantielles compagnies.

            Mais voilà qu'un beau jour vint Achille
            et par sa prestance, sa jovialité superbe,
            il réveilla la petite fille trop longtemps endormie
            qui,dès les premiers mots à elle adressés,
             aliéna aussitôt sa toute jeune liberté.

           Achille,c'était un de ses personnages de  rêve
          qui avait pris chair;
          c'était une de ses créatures à elle
          qui trouvant son autonomie
          allait à son tour ,devenir créateur.

          Achille était venu,
          une petite fille était morte,une femme était née,
          une femme qui voulait tout,qui espérait tout,
          comme seuls peuvent le faire,
          les êtres encore près de leur source,
         avides de lumière et de beauté.

         Achille était fier de son succès
         et assistait ,étonné
         à la métamorphose de sa dulcinée,
         dulcinée éblouie,
         dulcinée aveuglée.
         Achille très fier...
         Achille perplexe...
         Achille s'ennuie 
        et sur d'autres fleurs 
        pose son regard
        Mais Marguerite,bien sûr, femme épanouie,
        puisque son prince est venu,
        mais femme enfermée dans sa bulle,
       une bulle plus large,
       deux être de chair étant clos,
       mais bulle tout de même...
       et les rumeurs ne l'atteignent pas,
       elle devient sourde et aveugle,
       close sur son rêve,
       morte à peine née.
      
      Un jour pourtant,la bulle crève...
      De cette renaissance brutale,
      Marguerite devint folle
      et  Achille devint génèral.
     
     Et Achille qui avait toujours rêvé d'autorité
     se glissa dans ce nouveau costume
     avec une joie non dissimulée
     et Marguerite s'apaisa...
     Un génèral est aussi séduisant qu'un prince charmant,
     ne trouvez-vous pas?
    Et Marguerite devint la servante dévouée
    de son génèral de mari.
     Elle était même si empressée
     qu'elle devançait ses ordres,
     et à bien y regarder,
     on pouvait se demander,
     qui ordonnait,qui obéissait.
     Rien n'était clair,rien
     et le costume de génèral
    de plus en plus lourd à porter.

     Comment sortir vivant
     de cette nouvelle bulle
     où Marguerite jubilante
     L'avait enfermée?
     Marguerite la folle,
     Marguerite la trop lucide
     qui joue la comédie 
     pour moins souffrir?

     C'est tout simple.
     Achille offre à Marguerite
     un génèral de rêve,
     un génèral emprisonné
     et donc absent de la bulle.
     le tour est joué.                         


  • Commentaires

    1
    Jeudi 27 Septembre 2007 à 11:29
    Le début de ton texte me fait penser à mon enfance à moi que j'évoque un peu dans "la condition humaine", une enfance faite de rêves , d'espoirs de révoltes aussi! que deviennent-ils les rêves des petites filles ? Dans ton dernier texte tu fais allusion à Faux Rêveur et à son poème "Tournoiements " Tournoyer pour vivre ou tournoyer pour oublier ? J'ai l'impression parfois de vivre ma vie à l'envers de devenir aujourd'hui la petite fille que je n'ai pas pu être , de vivre mes rêves et mes espoirs ! Oui, la vie est belle ! J'ai laissé chez Faux Rêveur, en commentaires à son poème une berceuse de Louisa Paulin que personne ne m'a jamais chantée parce que personne n'a jamais cherché à me cacher la cruauté du monde ! Que faut-il en faire du reste sinon continuer de vivre en essayant de ne garder que ce qu'il y a de beau !
    2
    Jeudi 27 Septembre 2007 à 17:25
    Je t'avais répondu et je m'aperçois que ma réponse s'est volatilisée !!!Ton message m'a beaucoup touchée,merci infiniment pour ton partage...C'est magnifique que tu puisses enfin réaliser tes rêves,que tu ne te contentes pas d'être dans une bulle qui t'empêche de trop souffrir...quant à la cruauté du monde,il faut la regarder en face....Oui j'ai mal quand japprends qu'il y a actuellement des adolescentes qui se font immoler par le feu parce qu'elles refusent le mariage arrangé par leur famille mais je m'émerveille qu'une infirmière française ait tout quitté pour rejoindre ces jeunes filles et leur redonner espoir...Le beau et l'horreur sont toujours intimément liés...A bientôt Azalaïs.
    3
    Jeudi 4 Mars 2010 à 08:59
    bravo pour ta ccréativité, bonne journée à toi
    4
    Jeudi 4 Mars 2010 à 17:33
    C'est si bien imagé et captivant.
    Bonne fin de journée Gazou
    5
    Jeudi 4 Mars 2010 à 17:37
    Bonsoir
    Et bien, je ne saurais pas faire....
    Oui il faut le faire... bien... très bien...
    Sincèrement
    jean
    6
    Jeudi 4 Mars 2010 à 18:39
    Malheureusement je ne pense pas qu'il soit possible d'être deux dans une bulle.
    Bonne soirée
    7
    Jeudi 4 Mars 2010 à 20:18
    C'est dangereux une bulle... ellle se crève et...???
    Untexte très fort et très beau merci.
    Jackie
    8
    Jeudi 4 Mars 2010 à 22:58
    Tu étais inspirée,c'est un très beau texte, Alors les deux son gagnants?
    9
    Vendredi 5 Mars 2010 à 08:03
    C'est une solution à laquelle je n'avais pas pensé...et c'est plein d'espoir !
    10
    Vendredi 5 Mars 2010 à 09:35
    Une vie, de l'éclosion à la fane avec son lot si important de besoin du rêve crée, entretenu, magnifié.
    Marguerite, saurais tu encore rêver un petit peu en oubliant la conformité imposée par un monde où le rêve n'a pas vraiment sa place ?
    Marguerite, saurais tu encore embaumer de ton absence si douce la réalité de ce que tu sais si bien créer ?
    Marguerite, permettrais tu encore que l'on effeuille tes songes pour les voir donner et encore donner cette autre Marguerite dont d'aucuns ont tant besoin  ?
    Marguerite, .... beaucoup passionnément.
    11
    Vendredi 5 Mars 2010 à 12:12
    La bulle peut protéger...elle peut aussi enfermer !
    12
    Vendredi 5 Mars 2010 à 12:13
    on doit pouvoir y arriver mais que c'est étroit !
    13
    Vendredi 5 Mars 2010 à 12:58
    Bonne journée, Amine, restons en recherche de cette harmonie si nécessaire !
    14
    clo
    Vendredi 5 Mars 2010 à 19:07
    Je retrouve la bulle de mon enfance ....
    Ton texte est formidable, et je suis surprise qu' il ait été écrit d' un jet en quelques minutes.
    Un état de grâce ?
    Bonne soirée Gazou :)
    15
    catherine2
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:49
    mais sans doute la flêche empoisonnée qui transperça  le talon d'Achille, creuva en même temps la bulle de Marguerite, la libérant de tous les sortilèges
    16
    lenez o vent
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:49
    ce texte est fort...la bulle, protectrice..
    bonsoir gazou
    17
    Amine Lotfi MOLINARI
    Mardi 2 Juillet 2013 à 16:49
    Un texte esthétisant qui nous mene en bateau vers la beauté toujours recommencée de l’arc en ciel si loin de cette bulle et de ce boulet qui nous bloque et vers la fantaisie, l’harmonie dans sa couleur la plus transparente et la plus cristalline cete couleur  de l’enfance retrouvée merci Gazou Amine Lotfi MOLINARI 
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