• -Tu es né au mois de décembre comme un cadeau de Noêl.
    -Tu es le dernier d'une famille de quatre enfants.
    -Depuis que j'étais enfant,je savais que je devais te mettre au monde,que je devais avoir au moins quatre enfants,je ne sais toujours pas pourquoi,mais je me souviens du lieu et du moment où cette certitude s'est établie en moi.
    -Lorsque je t'attendais,au sixième mois de grossesse,j'ai eu des contractions,j'ai eu très peur..Si tu étais mort à ce moment-là,je crois que je serai morte avec toi ,tes frère et soeurs pourtant si petits et si charmants  n'auraient pu me retenir....peut-être est-ce cette expérience-là,cette angoisse que tu as partagé avec moi qui te faisait craindre si fort toute séparation?
    -Tu as toujours détesté l'école,dès la classe enfantine...Tu attendais le moment où je venais te chercher avec impatience.
    -Heureusement,apprendre pour toi était facile,tu as appris à lire sans que je m'en occupe.
    -Tu adorais l'histoire de France....Tant que tes maîtresses n'ont pas cherché à te l'apprendre: avec l'argent de tes étrennes,tu me demandais d'aller t'acheter des livres...Ta maîtresse de CE1 t'appelait en riant "monsieur Louis XIV" car tu parlais de lui comme si c'était une vieillle connaissance.
    -Tout petit,tu t'endormais avec un pistolet en plastique...Ce n'est que vers trois ans que tu as commencé à aimer les peluches.
    -Tu avais très peur de l'eau:je t'emmenais à la piscine,je te prenais dans mes bras,tu t'accrochais à mon cou et tu me serrais très fort. Ce fut une grande victoire quand tu appris à nager.
    -Tu n'avais pas envie de grandir comme si tu savais déjà que tes dernières années seraient trop dures à vivre...
    -Tu étais d'une jalousie extrême:quand un autre enfant,plus jeune que toi venait à la maison,tu avais une peur violente qu'il prenne ta place et je ne savais pas te rassurer.
    -Tu étais très affectueux,très attaché à moi,trop,et je voulais te voir grandir,vite, et ne pas te garder pour moi...Et pourtant que c'était bon cet amour débordant que tu exprimais.
    -Tu as appris à quatre ans à faire du vélo sans petites roues                     (àsuivre)


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  •   "L'une des grandes fidélités de mon existence-une sorte de vocation têtue-est la compagnie que j'aime tenir aux morts"         Christiane Singer
      J'aurais aimé qu'elle m'explique comment  elle leur tenait compagnie....cette phrase m'a toujours intrigué...Ce n'était certainement pas en se repliant nostalgiquement sur le passé,sur les moments vécus ensemble...Et ce n'est pas non plus ce que je veux faire,ce serait inutile et même malsain...Mais,avec les morts comme avec les vivants,il importe de garder "vivant" le lien qui nous unit, il faut le nourrir,prendre du temps pour cela et c'est ce que j'essaie de faire depuis ce jour anniversaire du 7 décembre...avec beaucoup d'hésitations et d'incertitudes...Pas facile de garder l'attitude juste....C'est à la fois doux et douloureux....Je me laisse porter par l'humeur du moment...Hier,j'ai appris la mort d'une de mes tantes...et son mari qui est  d'une extrême gentillesse,m'a demandé si je voulais bien préparer la prière au cimetière,le prêtre ne pouvant être là   que pour la cérémonie à l'église,j'ai accepté,je ne pouvais faire autrement....Et il m'a remercié chaleureusement,à tel point que j'en étais gênée...moi qui vais  si rarement à l'église,je ne me sens pas très capable de trouver les mots qui sauront tenir compagnie aux morts et aux vivants.....

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  •   Ce jour-là,ce fut comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu,un tremblement de terre soudain ou la nuit qui vous envahit en plein midi.
      Ce jour-là,tu n'es pas rentré du lycée !
      Les heures se sont écoulées,une à une,désespérées
    et tu ne rentrais toujours pas...
     

    J'ai appris que vous étiez plusieurs dans ta classe , à avoir décidé de partir, que les autres s'étaient dégonflés parce qu'il faisait trop froid...Seule une fille,complètement désorientée,qui projetait d'aller voler des chevaux pour s'envoler à l'étranger restait déterminée à partir et toi, tu avais décidé de l'accompagner...à la grande surprise de tes camarades car aucun lien ne t'unissait à elle...
      Je ne comprenais pas, je te pensais en danger, je ne savais pas quoi faire...On avait fait une déclaration à la police mais pour des adolescents, ils ne se mettent en recherche qu'au bout de plusieurs jours, la plupart des jeunes revenant d'eux-mêmes au domicile familial  ...Il fallait pourtant faire quelque chose...mais où te chercher?
      Cette première fugue,ce fut comme si la terre s'arrêtait de tourner....
      J'étais dans la stupeur la plus absolue...


      Toi, le petit dernier, qui avait eu tant de peine à vouloir grandir, toi qui avait toujours compté sur tes parents, sur ton frère et tes soeurs, dès qu'il y avait le moindre problème, tu étais part,i sans prévenir, sans savoir où aller...
      Tu attendais peut-être que quelque chose interrompe cette vie insipide que tu jugeais être la tienne..
      Depuis quelques mois, tu t'étais décidé à sortir parfois , avec tes copains, les samedis soir..puis tu avais cessé,je ne savais s'il fallait m'en réjouir ou m'en inquiéter...Et toi qui jusqu'alors avait si peu quitté le domicile familial,tu avais décidé de partir,sans savoir où aller...mais l'avais-tu vraiment décidé?
      Tes camarades avaient dû fanfaronner, dire que vous alliez tous partir, faire la fête,vous délivrer de ses parents et de ses profs ennuyeux qui vous empêchaient de vivre avec leurs exigences stupides. Et tu avais été très désappointé quand ils avaient décidé de renoncer à cette escapade festive...Qu'as-tu pensé à ce moment -là? Qu'est-ce qui t'a décidé à partir?
      Etais-tu si fort attaché à moi que tu éprouves le besoin de mettre une distance pour  trouver ton autonomie? Et il te fallait partir?
      Ai-je voulu te voir grandir trop vite et n'ai-je pas su comprendre qu'à toi, il te fallait un peu plus de temps qu'aux autres et que de toi-même, tu te détacherais de moi quand tu serais un peu moins fragile, quand tu aurais compris que l'amour ne peut pas être fusionnel?
      Désirais-tu obliger ton père à te mettre des limites? Tes fugues étaient-elles un appel que vainement tu lui lançais ?
      Pour ta toute dernière fugue,c'est avec son anorak que tu es parti,comme si tu avais voulu l'emmener avec toi dans ton errance et  c'est avec cet anorak que l'on t'a enterré.


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  • IL y a deux ans,j'ai participé à un stage d'écriture à Arles...Je ne connaissais personne,je ne savais pas comment cela allait se passer,je savais seulement que l'animateur était le frère de Françoise que j'avais rencontrée quelques mois auparavant et avec qui j'avais fort sympathisé...Mais ,pendant tout le trajet,j'ai senti ,très proche la présence de mon enfant...C'était vraiment comme s'il venait faire le stage avec moi..
      L'animateur nous présente le travail de la semaine:après avoir fait notre autoportrait que je vous retranscrirai sans doute un jour,nous allons exclusivement parlé d'un seul personnage....Chaque jour,une nouvelle structure nous sera proposée...Evidemment,pour moi,ilétait évident que je ne pouvais parler que de mon fils si absent et si présent...La structure proposée était:"il y a celui qui"...Ce devait être le début de nos phrases et les deux dernières  devaient commencer par "alors que"

      Il y a celui qui a dû assumer toutes les peurs et les regrets de ceux qui l'ont précédé,celui qui a cru que c'était son héritage.
      Il y a celui qui toujours fuyait pour abandonner un passé qui n'était pas le sien et qui pourtant lui collait à la peau.
      Il y a celui qui s'est révolté mais que la peur a rattrapé.
      Il y a celui qui disait:"il me faudrait une seconde naissance"
      Il y a celui qui s'est effacé pour permettre aux siens de vivre en paix.
      Il y a celui qui cherchait sa maison et comme il ne l'a pas trouvée,il est allé se perdre et maintenant finie est son errance,il est partout chez lui.
      Il y a celui qui,tel un météore,a accompli une vie en un temps record,pour apporter à ceux qui l'ont connu une lumière irremplaçable.
      Il y a ceux qui sont amputés et cherchent en vain le membre manquant.
      Alors que moi,je m'égare en des rêves sans envergure où l'essentiel n'est pas nommé.
      Alors que je sais bien que cette lumière qu'il est venu nous apporter,il m'appartient de la reconnaître,de la garder saine et sauve,de lui trouver sa juste place.


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  • J'écris pour te garder vivant
    Tu as commencé un chemin
    Et tu n'as pas pu le poursuivre
    Je voudrais,avec mes pauvres mots
    Te rouvrir un chemin
    Que ceux qui t'ont connu 
    comme ceux qui ne t'ont pas connu
    Que tous sachent qui tu es

    Si je ne parle pas de toi
    qui va te connaître?
    Je t'offre mes mots
    comme une bouée
    comme un radeau
    Certes,je sais mal écrire,je n'ai rien d'autre
    au fond de moi,
    qu'une grande exigence
    une nécessité
    une émotion profonde
    qui m'ordonne quand même d'écrire
    J'écris comme on tricote
    une maille après l'autre
    Je voudrais écrire sous ta dictée
    Il n'y a que toi qui sais




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