•  

     

    Il en est qui
    brisés par un évènement douloureux
    changent brutalement de vie,
     oublient l'activité triomphante et bienheureuse
    qui fut la leur
    et continuent dans l'immobilisme
    et les à quoi bon meurtriers.

    Il en est d'autres qui,
    au plus fort de leur brisure
    maintiennent le masque sur leur figure
    et tels des pantins désarticulés
    s'évertuent à trouver leur salut
    dans une action qui les éparpille
    et les démantibule
    tout autant et même davantage
    que le choc initial.

    Il en est aussi
    qui,avec leur blessure,
    créent de la beauté
    et l'offrent dans une oeuvre d'art,
    une danse,un poème,
    un tableau,un jardin.
    Tout est bon
    pour servir la Vie.


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  •  si quelquefois, vous peinez à vous lever le matin,

    écoutez cet étrange conciliabule entre une porte et une chaise

    et peut-être y trouverez-vous énergie et courage..

    .C'est Gelsy qui tient le blog "mots et couleurs"(voir colonne à droite)

    qui me l'a envoyé...Dans son blog, vous trouverez d'autres beaux poèmes

     

     

    " Étrange commerce ce matin

     

    entre la porte et la chaise

     

    Chaise installée dedans un coin

     

    Porte bien calée sur ses gonds

     

    Tandis que la chambre encore

     

    Dormait sur plus deux oreilles

     

    Je les entendis dans le noir

     

    Conciliabouillonner à l’aise

     

     

     

    La chaise :

     

    On dirait qu’il pleut au dehors

     

    La porte :

     

    Qu’importe ! nous sommes à l’abri

     

    CH :

     

    Oui mais cela va faire du bruit

     

    Et elle va soupirer à mort

     

    P :

     

    Non À mort ! tu n’y penses pas

     

    Elle ne soupire qu’à l’habitude

     

    Mais s’arrête dès que je m’ouvre

     

    À grand battant sur Jour qui vient

     

    Ch :

     

    Heureusement que je suis là

     

    Pour qu’elle installe son humeur

     

    À bonifier en un quart d’heure

     

    P :

     

    Tu rigoles ! c’est d’abord ses yeux

     

    Qui sur mes couleurs se posent

     

    Et l’on voit la métamorphose

     

    Opérer jusque dans son cœur

     

    Ch :

     

    Oh son cœur ! Notion utopique

     

    Ce sont ses fesses qui ont besoin

     

    D’installer le petit matin

     

    Dans la prudence et l’espérance

     

    P :

     

    Moi je lui suggère la danse

     

    Vois déjà comme elle rajeunit

     

    Et s’élance hors de son lit

     

     

     

    Sans prêter attention ni soin

     

    J’ai accepté que le dehors

     

    Comme porte vienne me chercher

     

    Et m’installe sur quatre pieds

     

    Et j’ai laissé la chaise faire

     

    Exercice de ressourcement

     

    Sur quelques mots du quotidien
    « Bonjour » « soleil » : la liste est longue

     

    De ce qui ouvre et protège

     

    De ce qui assied et repose

     

    Chambranle Panneau Serrure Loquet

     

    Barreau Dossier Paille tressée …

     

    À l’école de mes années

     

    Me suis assise sur le seuil

     

    Et je regarde l’écriture

     

    Lier aujourd’hui à demain

     

    Et mon poignet à toute porte

     

    Prête à m’ouvrir d’ici à là

     

    De Mi à sol 
     de haut en bas."                  Gelsy

     


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  •  Il y a quelques jours, nous allons voir un spectacle à la Comédie de  Valence;
    Il s'appelle "Grande"...Les deux artistes sont acrobates, comédiens, chanteurs et, pendant presque deux heures, ils nous subjuguent par leur énergie...Il s'agit de Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel..
     
    Nous en ressortons essoufflés et courbattus tant le rythme paraît insoutenable et leurs figures époustouflantes...En quelle matière sont-ils faits pour avoir une telle vitalité?
     
    Ils nous font voir une relation de couple avec  ses hauts et ses bas.Et c'est ainsi que Tsirihaka se retrouve suspendu au-dessus du sol accroché à une porte avant de se laisser glisser sur un toboggan ou que Vimala se dévêt de la quantité inouïe de vêtements qu'elle porte, de la mariée à la nudité en passant par la femme d'affaires, l'infirmière, la bonne soeur...Et elle se déshabille  en portant sur sa tête un mannequin grandeur nature.
     Si elle porte, c'est qu'elle "supporte" les émotions de la vie, et s'il glisse, c'est qu'il "chute" au fil de ses désillusions.
    Au fil des numéros, c'est notre vie d'aujourd'hui qu'ils racontent, les disputes amoureuses, les déceptions, la politique. Rien n'est gratuit. Lorsque Tsirihaka fait du lancer de couteau, on entrevoit une seconde Poutine et Trump dans la cible. Lorsque Vimala porte sur la tête une machine à laver, c'est pour donner la parole à une infirmière "lessivée" par le boulot.
    Tendre et gai, cruel et triste, le spectacle explore toute la gamme des émotions sans un temps mort.
     
     
    Fonçant d'une action à l'autre, ils slaloment entre les tableaux comme s'ils jouaient leur vie (ou presque) chaque soir.
     
     
     

    " Lorsque Tsirihaka Harrivel s’accroche à un filin dirigé par Vimala Pons qui le conduit devant un toboggan de huit mètres de haut à la pente vertigineuse et qu’il se laisse glisser avant de rebondir sur ses pieds une seconde et quelques dixièmes plus tard, la salle entière retient son souffle et laisse échapper un cri de surprise. “Première chute”, annonce-t-il dans le micro avant d’annoncer le numéro suivant : “Quand je tiens à quelqu’un.” On le voit alors prendre à deux mains la jambe d’un pantalon accroché à un filin et se laisser suspendre à nouveau à huit mètres de hauteur ainsi que toute la chaîne de vêtements qui compose cette étrange corde dont on devine qu’il va bientôt en faire son terrain de jeu."

     

     lQuant à moi, je ressors  du spectacle, ébahie certes, comment ne pas l'être devant les prouesses de ces artistes hors normes...Ebahie  mais pas ravie...Ce rythme trépidant et parfois violent  n'est pas ce que je préfère...Les plus jeunes , sans doute, ont davantage apprécié ...J'admire cependant les prouesses des artistes.

     


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  •  J'aime cette liseuse et j'aime le regard que Christian Bobin porte sur elle

     

     

     

     

    " Aujourd'hui, on n'écrit plus de lettres. C'est comme s'il n'y avait plus d'enfant pour jeter sa ballle de l'autre côté d'un mur.

    Le monde a tué la lenteur. Il ne sait plus où il l'a enterrée.

    Nous sommes en 1664. Un messager vient de passer, béni soit-il: il apportait, serrés sur une étroite feuille de papier, les mots de l'infini, des milliers de fleurs des champs accrochées à chaque arrondi de la phrase, traversant l'oeil de boeuf d'une voyelle, jouant avec le fer forgé d'une consonne. De tenircette lettre entre las mains, la femme couverte de lumière bleue en ressent la douceur trois fois . Une fois au bout de ses doigts qui serrent la lettre au point presque de la déchirer. Une seconde fois dans la chambre interdite de son coeur. Une troisième fois, mais tout cela arrive en même temps - dans l'âme qui est l'écho au ciel de toutes les joies que nous éprouvons.

    La bouche de la lectrice est entr'ouverte. Elle boit le petit lait du ciel. Les hommes regardent les femmes et ils en perdent la vueLes femmes regardent les mots d'amour et elles y trouvent leur âme.

    C'est pour moitout ça? C'est vraiment pour moi? Elle relit pour être sûre. Depuis cinq siècleselle relit la même lettre et par cette attention que rien ne décourage, la femme noyée de bleu fleurit la vie éternelle comme fait la pluie dont les diamants tombent par milliers sur le Creusot..."

     

    Vermeer, Johannes - Woman reading a letter - ca. 1662-1663.jpg

    Tout compte fait, c'est plutôt ce tableau-ci, toujours de Vermeer, que Christian Bobin contemple  quand il écrit ce texte que l'on peut trouver dans "La  Grande Vie"


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  • Depuis une quinzaine de jours, nous avons un locataire.

    Certes, il est discret et ne tient guère de place

    mais quand même il ne nous a rien demandé

    et nos efforts, pour le mettre dehors,

    jusqu'alors , ont été vains...

    Ce n'est pas qu'il nous dérange

    mais on le croyait prisonnier

    à l'intérieur et on pensait l'aider

    en l'aidant à quitter les lieux...

    Mais non, mais non, il n'y tient pas...

    Il loge dans la cuisine

    et ne sort de sa cachette que lorsqu'il n'entend aucun bruit

    et il la réintègre au moindre charivari.

    vous vous demandez "qui est-ce ?"

     

     C'est un petit lézard

    On l'a cru prisonnier, on a voulu l'attraper pour le libérer

    mais il nous a échappé...

    De quoi se nourrit-il ?

    On ne sait pas...

    Dès qu'il nous entend...hop !

    il disparaît dessous le frigidaire...

    On ne peut pas trouver un locataire plus discret.


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