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Henri Matisse (1869 - 1954)
Il a consacré sa vie au travail de la peinture à l'huile...
Agé, malade et confiné dans son lit ou dans son fauteuil roulant, il décida de travailler autrement.
Au lieu d'utiliser un crayon, un pinceau, il prit une paire de ciseaux;
Les papiers découpés sont la dernière étape dans la recherche de création qui a dominé toute sa vie.
Cela lui demandait moins de force physique que les peintures à l'huile.
Ses assistants peignaient des grandes feuilles avec de la gouache et les accrochaient autour de la pièce
pour sécher...
Alors commençait le travail de Matisse, il prenait les ciseaux et entaillait l'une des surfaces colorées
pour en extraire une forme
comme l'aurait fait un sculpteur.
Les couleurs agissaient sur lui comme des forces :" Un certain bleu pénètre mon âme,
un certain rouge affecte ma tension, une autre couleur me réveille..."
Matisse découpa un grand nombre de formes de différentes couleurs ou tailles et organisa cette vaste composition
appelée "l'escargot". Il ne nous dit pas qu'un escargot ressemble à cela ou que vous devez le voir ainsi, il nous en donne
seulement une autre image.Il appela aussi ce tableau couleur chromatique. Ce titre nous dit qu'il voulait avant tout organiser
les couleurs d'une façon spécifique
Cette composition"Nu bleu", il y travailla pendant une année entière avant d'en être satisfait, il remplit un carnet de 8 croquis et passa deux semaines à arranger les papiers découpés;
" Dans le soir de sa vie, Matisse peint avec des ciseaux. Il découpe à même le ciel des orages de vin pur et des printemps de soie bleue. Il renoue avec la simple magie des crayons de couleur. Jour après jour, il cueille les heures calmes, comme un enfant compte ses joies une à une avant de s'endormir. Il est âgé, malade. C'est dans les années de souffrance qu'il accueille une étoile, et c'est sous les arcades du grand âge qu'il fleurit une enfance. La nuit s'avance à sa rencontre. elle a la douceur d'une fille et la fraîcheur d'une source. nIl peint. Il peint comme on sourit ou comme on meurt. Il va sur un chemin impraticable et radieux..."
Christian Bobin(le huitième jour de la semaine)
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" La beauté est là au-dehors : à l'envers des châtaignes sur les chemins,
à l'angle d'une fenêtre, sur le fruit sombre des ronces,
sur la poussière des routes et dans le vert des rivières, partout;
La beauté, c'est-à-dire la vie. La vie massive et ténue, la vie sans entrailles.
La vie sans fard...Disposant un nuage dans le ciel, une orange sur l'assiette,
les peintres éclairent ce qui reste de jour dans le soir,
inventent la juste distance qui permet à l'espace de s'ouvrir,
et à l'amour de danser. La leçon de peinture est une leçon de bonté;
l'amour se reconnaît ainsi, dans ce goût du détail, dans ce souci de l'infime,
dans cet égard pour ce qui nous est confié et que l'avidité d'une prise anéantirait,
comme un moineau tenu dans un poing trop serré.
C'est à une fête infinie que nous invitent les plus humbles choses
- les fruits comme les pierres, les herbes comme les astres
_ et il nous faut, pour en jouir, apprendre ce toucher immédiat de l'esprit
dont les peintres ont le privilège."
Christian Bobin (le huitième jour de la semaine)
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Ils n'étaient pas très jeunes
pas très vieux non plus.
Voilà déjà trois ou quatre ans qu'ils s'étaient rencontrés
et qu'ils s'étaient unis .
Et ils n'en revenaient pas que ce bonheur-là
leur fut venu
alors qu'ils ne l'attendaient plus.
Et régulièrement ils venaient rendre visite
à l'ami chez qui cette première rencontre avait eu lieu.
Et je me trouvais là justement
au moment où ils passaient...
"Nous allons profiter du soleil, disait-elle,
il nous a manqués ces jours-ci"
Et ils sont partis le sourire aux lèvres,
toujours aussi ravis,
toujours aussi émerveillés
que la première fois...
Il faudrait faire leur portrait, me dis-je...
Mais comment mettre dans le tableau
la lumière qui transparaît sur leur visage?.
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Vivre près d'une source
toujours vive
toujours nouvelle
toujours accueillante
Et cependant entretenir la soif
Qu'elle soit aussi intarissable
que la source
Car boire sans soif
est sans saveur
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Jusqu'à quarante ans
il s'était voulu
comme les autres,
tout pareil à eux
et parfois il y avait cru.
Mais puisque vains étaient ses efforts,
désormais il renonçait à ce sort.
Il n'était pas comme les autres,
il n'était pas satisfait
ni de son travail
ni de sa famille
ni de son milieu
pas heureux de se mettre des oeillères
pas capable d'être solidaire,
de croire que les siens avaient raison
contre tous ceux qui n'avançaient pas à leur façon.
Il était différent
il l'acceptait
il était ainsi.
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