• "Lire, c'est plonger en autrui. au fil des pages, des inconnus se dévoilent. Leurs voix en nous résonnent.

    Nous redécouvrons le monde à travers leur regard.  Notre connaissance de l'autre et de nous-même, de l'autre nous-même s'approfondit.

    Proust l'avait noté : "Chaque lecteur est quand il lit le propre lecteur de soi-même. L'ouvrage de l'écrivain n'est qu'une espèce d'instrument optique qu'il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans ce livre, il n'eût pas vu en soi-même".

    Nous lisons parce que notre vie ne nous suffit pas, que nous avons besoin de celle des autres pour éclairer, pour agrandir notre moi."

                        

         Alain Golomb (Petit guide de lectures qui aident à vivre)

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  • Bien sûr

    c'est un lieu fugitif

     

    A peine trouvé

    Déjà égaré

    Qu'importe !

     

    Ces quelques instants

    Où je l'ai habité

    Pour moi

    Ont goût d'éternité

     

    Et de la désespérance

    Et de l'errance

    Ils me délivrent

    A tout jamais.

     

    J'ai en moi

    Un lieu

    Où je puis m'abandonner.

    Un lieu qui me hèle,

    Qui m'appelle

    Un lieu pour faire halte

    Et puis reprendre la route


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  •   Je me souviens...J'étais en classe de sixième avec elle, elle était très maigre, elle était si timide que, même avec ses camarades, elle n'osait faire entendre le son de sa voix...et quand, par hasard, elle se permettait d' émettre quelques mots, c'était toujours en chuchotant...

      L'année suivante, en cinquième, nous la retrouvâmes, d'abord inchangée, tout aussi silencieuse...mais très vite elle nous surprit, élèves et professeurs, car elle osa se faire entendre et même parfois avec une certaine insolence...se réjouissant intérieurement de l'étonnement qu'elle provoquait...

      Et moi, dans mon coin, je l'admirais, je me disais que je devrais suivre son exemple...mais ma motivation ne devait pas être assez forte...ou ma timidité encore plus profonde que la sienne...Mais je n'y suis pas arrivée, ni cette année -là, ni plus tard...

      Certes, j'ai acquis, au fil des années, un peu d'assurance...et je ne me laisse pas gouverner  si aisément...le temps de la soumission est loin derrière moi...

      Mais qu'il en faut peu pour me faire rentrer dans ma coquille...Et comme j'ai peu d'audace !

      Ainsi, hier, je vois au loin un presque voisin que je n'ai pas vu depuis plusieurs mois, il me fait signe, et je suis toute contente  de l'apercevoir, je sais qu'il a eu des ennuis de santé....mais comme il est avec une autre personne que je ne connais pas, j'ai peur de déranger et je n'ose m'avancer vers lui...Heureusement, lui  fait demi-tour avec sa voiture et vient à ma rencontre...et ces quelques mots échangés m'ont rempli de joie

      La prochaine fois , il faudra que je sois moins stupide ...Combien de rencontres ai-je ainsi  manqué  par peur  de

    déranger ou d'être mal accueilli ou de ne savoir trouver les mots que je voudrais dire...

      Comme c'est difficile, parfois, de savoir être simple !


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  •  Ceci est le poème auquel l'article de hier faisait allusion

    On peut aussi l'entendre chanter , Marie Noël était bonne musicienne et elle a composé la musique pour plusieurs de ses poèmes                                         

     

     

     

                            Chanson de Marie Noël

     

    "Quand il est entré dans mon logis clos,

     

    J'ourlais un drap lourd près de la fen$etre,

     

    L'hiver dans les doigts, l'ombre sur le dos...

     

    Sais-je depuis quand j'étais là sans être?

     

                  

                            Et je cousais, je cousais, je cousais...

     

                           - Mon coeur,  qu'est-ce que tu faisais ?

     

     

    Il m'a demandé des outils à nous.

     

    Mes pieds ont couru, si vifs, dans la salle,

     

    Qu'ils semblaient si gais, si légers, si doux -

     

    Deux petits oiseaux caressant la dalle.

     

     

                               De-ci, de-là, j'allais, j'allais, j'allais....

     

                              - Mon coeur qu'est-ce que tu voulais?

     

     

     

    Il m'a demandé du beurre, du pain,

     

    Ma  main en l'ouvrant caressait la huche -

     

    Du cidre nouveau, j'allais, et ma main

     

    Caressait les bols, la table, la cruche.

     

     

                                Deux fois, dix fois, vingt fois je les touchais...

     

                                - Mon coeur, qu'est-ce que tu cherchais?

     

     

    Il m'a fait sur tout trente-six pourquois.

     

    J'ai parlé de tout, des poules, des chèvres,

     

    Du froid et du chaud, des gens, et ma voix

     

    En sortant de moi caressait mes lèvres...

     

     

                                    Et je causais, je causais, je causais...

     

                                    Mon coeur, qu'est-ce que tu disais?

     

     

    Quand il est parti, pour finir l'ourlet

     

    Que j'avais laissé, je me suis assise....

     

    L'aiguille chantait, l'aiguille volait,

     

    Mes doigts caressaient notre toile bise...

     

     

                                       Et je cousais, je cousais, je cousais...

     

                                      - Mon coeur, qu'est-ce que tu faisais ?"

     

                                                                          Marie Noël (Les chansons et les heures)

                           


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  •  

     

    Marie Noël

    venait de lire son célèbre poème "Quand il  est entré dans mon joli clos",

    et on lui demandait si elle travaillait ses vers, elle répondit :

     

      "Vous voulez savoir si je les ai  travaillés ,

    Oui, je les ai travaillés. Je ne fais jamis les choses d'un seul coup. Je trouve d'un seul coup. C'est une joie, quand ça m'arrive, absolument...

      Par exemple, quand ontrouve un champignon dans un pré, alors on est content, mais un champignon, cela ne fait pas un plat de champignons.Eh bien ! Un vers ou une strophe, cela ne fait pas un poème.

      Alors après, il faut s'arranger de façon à ce que le poème qu'on fera, la strophe qu'on finira, ne détruisent pas la chose originelle qui est la chose importante et c'est ça le gros travail !

      C'est d'arriver à mettre les mots les uns à côté des autres, qui n'enlévent pas la simplicité du début.

      Alors, il faut arracher toute la littérature, il faut enlever tous les mots qui sont trop jolis, qui adoucissent; Il ne faut garder qu'une seule chose : le mouvement !

      En avant, comme une balle de fusil, qui doit aller à son but."

     

    Pour ma part, j'aime beaucoup cette façon de décrire la part de l'inspiration et la part du travail qu'il y a dans tout poème


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