• S6001743-1-copie-6.JPG

     

     

    "Et si un homme auprès de nous vient à manquer à son visage de vivant,

    qu'on lui tienne de force la face dans le vent."

                                            

                                           Saint John Perse (Vents)


    11 commentaires
  •   "Un chant m'est né .Un coeur qui bat....un mouvement de mots, de syllabes qui, lointainement ébranlés, se groupent soudain comme pour une procession ou une danse sans me demander ordre ni conseil.

     

      C'est ici que j'entre en besogne. Ici que commence le jeu difficile : saisir le rythme, le fixer - sans l'arrêter - dans sa vie la plus libre, la plus pure, en le dépouillant de tout ce qui pourrait couper ou embarrasser sa ligne de vol.

      

     J'applique alors la règle d'or que mon père m'a donnée :"Ce que tu as dit en dix mots, tâche de le dire en sept. En trois si tu peux"."

                                  Marie Noël


    17 commentaires
  • Cette nuit jai lu un livre splendide et je le relirai un jour.

    C'est l'histoire vraie d'un résistant polonais:Jan Karski deYannick Haenel

    Il y a plusieurs passages qui méritent qu'on s'y attarde et qu'on les médite.

     

    "C'est la solitude de Pola qui m'a plu, la manière dont laa solitude parlait en elle. Seule la solitude est digne d'amour et lorsqu'on aime une personne, c'est toujours  à ce qu'il y a de plus seul en elle que s'adresse cet amour. J'ai compris  ce soir-là, tandis qu'une femme défiait l'abîme qui s'ouvre sous chacun de nos gestes, que la seule chose qui peut tenir face à l'abîme, c'est l'amour ;  sul quelque chose comme l'amour est capable de tenir face à l'abîme, parce que précisément l'amour n'existe que comme abîme" 

    ....après avoir été troublé par son sourire, le sourire de celle qui a toutperdu et qui considère que rien n'est jamais perdu, j'ai pensé que l'instant où la solitude de l'autre vous regarde ouvre cet abîme ; Il se referme vite(. Mais s'il se rouvre aussitôt, s'il se rouvre au point de ne plus se refermer, alors cet abîme se change en ce qu'on appelle  l'amour . (Poche 5178 ,page167)


    21 commentaires
  •   C'est l'heure du repas : le pied-noir blagueur qui nous amusait de ses facéties est parti ce matin. Je reste avec mes deux compagnons de table : le kabyle et un jeune atteint de muscovicisdose...tous deux se taisent et moi aussi...Je voudrais bien engager la conversation mais rien ne vient...

      Akim s'installe , un peu plus tard, à la place vacante et , gêné par notre silence, demande :" De quoi parlez-vous?"

     

    Je lui réponds :"moi, j'aime bien écouter et mes deux autres compagnons répondent de même...eux aussi, ils aiment bien écouter.

    Alors, il nous dit : "si on est tous en train d'écouter, on ne va pas entendre grand chose, moi j'aime bien quand ça parle"

    Et comme lui n'a aucune peine à parler de tout et de rien, il continue à parler...

    Puis le kabyle répond sur son portable à sa petite fille, il lui parle en arabe puis il s'adresse à nous et nous dit : " c'est ma petite fille qui me souhaite un bon anniversaire, j'ai 78 ans aujourd'hui...Et il est tout content et nous aussi..de le voir sourire et quitter cette mine fatiguée qui le tient depuis hier et le rend quasi mutique.

      Et maintenat que la conversation est engagée, elle ne tarit plus...nous parlons des animations qui vont avoir lieu dans la maison, de l'enseignement..Evidemment, on a droit aux poncifs d'usage...c'était tellement mieux autrefois...

      Mais il a raison , le jeune Akim...Parler, partager, comme cela est bon...On commence parfois par des banalités et, soudain , un véritable échange a lieu et des liens se créent


    28 commentaires
  • Lorsqu'elle est arrivée dans cette maison de réadaptation, elle était dans un si grand état de fatigue qu'elle n'en a qu'un souvenir confus.

    Les premiers jours, elle passait son temps à dormir...

    Peu à peu, les forces sont revenues, elle a pu prendre ses repas à table, avec les autres;

    Elle a pu participer à quelques activités, un petit peu...

    A défaut de parler, elle a pu écouter les autres "Je l'aime bien, cette dame, me dit-elle un jour, elle parle bien".

    Bavarde, elle ne l'a jamais beaucoup été, même quand elle allait bien...mais écouter les autres, cela lui convient..

    Peu  à peu cependant, elle se livre un peu :"Vous rendez compte, je suis là depuis le 20 février...Il va falloir que je me réadapte à la maison, à mon lit..Ici, j'ai pris l'habitude de m'endormir avec la lumière..Mon mari, ça va le gêner...Et puis ils me disent que je pourrai faire mon ménage mais, moi, je ne sais pas si j'aurai le courage, je suis si vite fatiguée...Mais il faut bien que je m'en aille..Ici, j'ai perdu tous mes repères..Je ne sais jamais quel jour on est ,ni quel mois"...Et elle égrène ses craintes...partagée entre le désir de partir et la peur de cette nouvelle vie à la maison...Saura-t-elle se réadapter ?

    Vient le grand jour....On vient la chercher ce matin...Elle a le sourire. La joie est plus forte que la peur.


    20 commentaires