• "  Faut-il peindre ce qu'il y a sur un visage,

     ce qu'il y a dans un visage

     ou ce qui se cache derrière un visage?"

                                       Picasso

     

     

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                                         Chantal Roux


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  • Elle était sans travail,sans argent,
    elle était seule.

     

    Ce matin-là,elle lut une annonce:
    peintre cherche modèle toutes les après-midi...

    Pourquoi n'irait-elle pas se présenter?
    Que lui serait-il demandé et comment,
    Serait-elle rémunérée?
    Elle ne le savait pas
    mais elle n'avait rien à perdre.
    Même elle était certaine d'y trouver,au moins pour quelque temps,la fin de cet étrange ennui,
    qui la laissait des heures entières,inerte sur son lit,
    plongée dans un demi sommeil....

    Elle se rendit donc ,à l'adresse indiquée,l'après midi même.
    Elle pensait voir un vieil homme barbu et énigmatique.
    Ce fut un homme jeune encore et au sourire avenant qui vint lui ouvrir...
    Oui c'était bien lui qui avait fait paraître l'annonce.
    Elle était la première à se présenter et il désirait qu'elle commençât tout de suite.

    Oui,elle était disponible à l'instant puisqu'il le désirait...
    C'était bien la première fois que son employeur éventuel manifestait un tel enthousiasme rien qu'en la voyant...
    Les autres étaient plus sceptiques,non qu'elle fut désagréable à regarder...mais elle avait un air tellement rêveur,elle semblait perdue sur une autre planète...Et l'on pouvait se demander si elle était capable de fixer son attention,plusieurs heures durant,sur un travail minutieux..Et ainsi,elle fut remerciée plusieurs fois et elle en fut très déconcertée car elle savait que personne ne s'était présentée avant elle..


    Allait-elle satisfaire enfin ceux qui l'employaient et être comme les autres?

    Elle se trouva soudain légère et délivrée de toute fatigue...


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     Ma voisine m'a prêté un joli livre...

    Avant de lui rendre, il faut que j'en parle un peu ici

    Il s'agit du catalogue des peintures  de Marie Morel ,exposées à la Halle Saint-Pierre jusqu'en mars 2010

    L'écrivain Pascal Quignard n'hésite pas à la qualifier d'un des plus grands peintres vivants...Je ne sais et peu m'importe...

    Quelle importance ! être le plus grand ou le moins grand ?

    Je suis séduite, je suis stupéfaite, j'ai feuilleté ces pages à plusieurs reprises, j'y suis revenue...

    Elle allie les formes, les couleurs avec des mots,, des phrases entières même...

    Au milieu d'un tableau champêtre, elle écrit tout simplement...Je suis émerveillée...et on sent que c'est vrai...

    Ou elle écrit: tu crois être libre et ce n'est pas vrai et l'on voit une femme derrière des barreaux...

    D'autres tableaux sont franchement érotiques et obsédants...D'autres sont très sombres, d'autres très joyeux et oniriques...Je les redécouvre à chaque fois...

     

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    Marie Morel est née à Paris en 1954...A 9 ans ses parents l'emmènent à la Biennale de peinture à Venise et, en sortant de là, elle déclare qu'elle sera peintre..

    Sa première exposition date de 1977 à Paris..Depuis expos, livres, catalogues s'enchaînent

    Elle vit dans un petit village de montagne où elle peint

     

     

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    J'ai aimé découvrir l'univers de Marie Morel


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  • Nous ne le savions pas

    Mais nous avons allumé un feu.

     

    Il est beau

    Il est vivant

    Il est chaleureux

     

    Il embellit la nuit

    Il ravive nos âmes fatiguées

     

    Nous avons allumé un feu

    Et maintenant comment  l'entretenir ?

    Comment le maîtriser ?

    Comment le laisser brûler les scories

    et fortifier l'essentiel?


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  • Il est des moments où tout s'éclaire soudain.

    Un seul chemin est devant nous, évident .

    Aucun doute n'est possible.

    Là est notre place.

    J'étais encore à l'école primaire quand j'ai connu une telle fulgurance...Je devais avoir  huit ou neuf ans, pas davantage...J'étais dans une école religieuse...La soeur cuisinière avait une idée fixe et chaque fois qu'elle rencontrait maman, elle lui disait que j'avais certainement la vocation et que je pourrai bien devenir religieuse...Maman écoutait sans mot dire mais moi, les certitudes de la brave soeur me troublaient...

    Et , un jour, brusquement, toutes mes inquiètudes furent balayées.

    Il était certain , me suis-je dit, que Dieu qui nous aimait voulait notre bonheur...Or moi, dans le marécage de mes doutes, j'avais quand même une certitude absolue, une seule : pour que je sois heureuse, pour que je sois moi-même, que je justifie mon existence, il fallait , il fallait absolument que j'aie au moins quatre enfants, c'était ainsi, je n'y pouvais rien changer...

    La vie religieuse étant incompatible avec la maternité, il était évident que la petite soeur se trompait et ses paroles ne me causèrent plus aucun trouble.

    Un seul chemin pouvait s'ouvrir devant moi.


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