Hier soir je pars faire une petite promenade...Depuis que la chaleur est venue, j'ai négligé ce plaisir tout simple et m'en étonne...Le soleil couchant est toujours aussi beau et aussi nouveau...Je fais des kilomètres pour voir de beaux spectacles et je néglige d'admirer celui qui, tous les soirs, gratuitement, s'offre à nous..Quelle ingratitude !

  Ressentir  à l'intérieur de nous cette harmonie, cette paix, cette beauté que le ciel nous renvoie..est un bonheur délicieux et qui nous lave de tous les soucis du jour. Et je songe à cette Eugenia Guinsburg qui, à la veille d'un procès où elle risquait d'être condamnée à mort, est capable de s'émerveiller devant la grâce d'un arbre dont le vent agite les branches, capable de savourer ce petit bonheur donné dans l'instant et d'en être si fort marquée que, plusieurs années plus tard, elle le raconte dans ses mémoires..C'est une anecdote que j'ai entendue à la radio et qui me laisse songeuse..

 

Ici, nous sommes dans la salle ronde de" la Condition des soies"  à Avignon

et c'est le décor du spectacle"Victor Hugo , mon amour" qui nous est donné là...

Je savais bien, avant même d'entrer, que nous serions touchés, que nous ne pourrions pas rester indifférents même si tout ne nous convenait pas...

La comédienne nous avait abordé dans la rue, nous avait distribué ses prospectus et, à  sa façon de nous présenter  son personnage, nous avions senti qu'elle s'y donnait totalement, qu'elle s'était identifiée totalement à cette Juliette Drouet qu'elle incarnait...

Elle se sent investie d'une mission et, après avoir salué son public, elle s'interroge devant nous : Pourquoi, nous dit-elle, parle-t-on toujours de Roméo et  Juliette les si célèbres amoureux  qui n'ont tout de même passé qu'une nuit ensemble..Alors que nous avons chez nous  Victor Hugo et Juliette et qu'eux se sont aimés, malgré tous les obstacles, pendant près de  cinquante ans... et que Juliette lui a écrit plus de vingt mille lettres..Après sa mort, Victor Hugo a cessé d'écrire...Nous devrions quand même avoir plus de reconnaissance pour cette femme qui a su si bien l'inspirer et qui lui a sacrifié sa propre carrière d'artiste

  A la sortie, une lettre de Juliette nous est donnée

"Je t'aime plus que jamais. Je ne pourrais pas plus comprendre la vie sans toi que le ciel sans Dieu" dit Juliette à  son Victor.

 

C'est la compagnie d'Anthea Sogno qui produit ce spectacle , lequel sera joué  à Paris cet automne

                                           (www.antheasogno.com)

 

 

Le festival d'Avignon se termine bientôt, toujours autant de monde.

Chaque année un peu plus de spectacles..près de mille en 2010

Mais le spectacle est aussi dans la rue : ainsi ce jeune acrobate déguisé en danseuse

 

 

 

  Ici la statue éléphantesque sur la place du Palais des Papes

 

Des danseurs iraniens nous donnent un aperçu de leur spectacle pour nous inciter à aller les voir

 

                                                                                                                 

 

 

   Un mime qui joue à la statue et y parvient excellemment bien...Ils sont plusieurs  ainsi et c'est à s'y méprendre et quand on les voit esquisser un geste, on est tout ébahi tant leur immobilité nous semble naturelle

 

                     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

L'artiste prépare son petit spectacle...Suspense ! Les gens attendent !

 

 

 

 Un piano et un pianiste tractés par un "cycliste" qui a quitté sa place pendant que le musicien nous régale les oreilles de belle musique...

Comme vous le voyez, rien que dans la rue, il y a de quoi voir et entendre....

 

 

                                                      

Je me souviens très bien...

J'avais vingt ans et un tout petit peu plus.

Je me souviens du lieu:boulevard du Cire,une route montante.

Je la descendais,j'étais juste au tournant.

Une pensée m'a traversée,transpercée...avec une force inouïe:

"cet homme que j'aimais,que j'allais probablement épouser,

cela pouvait-il être autrement,

ça allait être impossible,la vie avec lui !

ça allait être infernal parfois,au bord du gouffre,

nous étions si différents;

mais moi,je ne pouvais pas l'abandonner,

le laisser au bord du chemin,

il serait perdu sans moi,

je serais perdue sans lui.

Et puis nous avions tant à apprendre l'un de l'autre ,

nous étions si différents.

Les apparences pourraient donner à croire que nous nous étions éloignés,

mais ce ne serait que pour mieux nous retrouver.

Cette intuition fulgurante que j'eus ce jour-là,

combien elle fut juste !

Et elle m'a soutenue contre le désespoir.

Voilà plus de quarante ans que nous vivons ensemble,

et je ne regrette rien.

Il y eut des moments difficiles
mais ils nous ont fait grandir.

Et nous progresserons encore,
            je le crois.

"Je peins comme je peux, et j'essaie chaque fois d'ajouter quelque chose en enlevant ce qui m'encombre"

                              Nicolas de Staël