•  Je viens de lire un livre qui m'a bouleversée.
    Marie Didier nous parle d'un homme,Jean Baptiste Pussin, d'abord tanneur et soldat, il entre en 1771 à l'hôpital-prison de Bicêtre comme infirme atteint d'écrouelle .
    La description du lieu fait frémir : les malades  sont affamés et croupissent dans la saleté...S'ils ne sont pas fous, ils le deviennent souvent..Les  fous sont enchaînés..C'est l'horreur !
    Et lui, Pussin, homme obscur, sans culture et sans soutien , parvient à guérir et devient garçon de salle puis surveillant des malades incurables car on s'est aperçu qu'à son contact, les fous se calmaient...Il s'en occupe avec tant d'humanité qu'il est remarqué par le médecin-chef Pinel lequel considère qu'il a beaucoup à apprendre de lui...Et c'est Pussin qui, le premier, osera déchaîner les aliénés
    C'est lui qui, de toutes ses forces, va s'employer à améliorer leurs potages, augmenter leurs rations de pain, les couvrir la nuit pour qu'ils ne crèvent pas de froid, nettoyer leurs loges, leur parler avec respect

    "Les fous hurlaient, se démenaient comme d'habitude.Pinel t'aurait dit :Quand ils deviennent trop méchants, que faites-vous?
    -Je les déchaîne
    -Et alors
    - Ils sont calmes...
    .
    "Toi..Lui.Tes yeux dans ses yeux.Ton souffle dans son souffle. Tes pas dans ses pas..."

    "Tu as appris à guetter chez les fous artistes le plus discret retour de leur goût premier pour la musique, l'écriture ou le dessin afin qu'une raison de vivre puisse leur revenir"

      Si elle sait si bien en parler, certes, c'est qu'elle se retrouve en lui qu'elle  n'a rencontré que dans les archives et les documents de l'époque. Marie Didier est médecin à Toulouse et soigne très souvent des gens du quart-monde
    Elle essaie de saisir le moment où, après l'horreur des premiers temps passés dans ce cloaque, Pussin découvre qu'il va pouvoir en sortir et ce qu'il va pouvoir faire de sa vie en ce lieu

    " Tu viens de découvrir en toi une chose éblouissante, secrète...Tu aurais pu être pareil à ces fous. Ils auraient pu être pareils à toi...Cette chose difficile à nommer réveille enmoi comme un écho....C'est elle qui a ouvert des fenêtres dont je ne savais même pas qu'elles étaient closes...C'est elle , oui, parce que j'étais passée de l'autre côté, pparce que j'avais rejoint le troupeau des menacés, c'est elle qui m' a peut-être appris le mot, le geste, le silence, le regard qui ne peuvent plus blesser".

    19 commentaires
  • chemin-de-Stevenson--octobre-2007-056.jpge
    Que cette nouvelle année vous conduise  sur des chemins de joie vers plus d'humanité et de compassion
     Pour la célébrer, je vous offre ce poème de Guillevic que je viens de découvrir et qu'il a écrit dans les derniers temps de sa vie

    "L'aube désire
    Bon accueil.
    Elle a besoin d'amour.

    Sa prière au soleil
    S'en ressent
    Et le soleil complice l'entend

    L'année nouvelle
    Veut sourire  à sa façon
    Par le ciel prometteur
    De temps et de lumière." 

    Guillevic (Quotidiennes)

    3470761174_02f5892730.jpg 


    38 commentaires