•                                                                                                         

                                                                                                                           

    "Ecrire  me permet une intimité avec le monde des autres , celui qui se trouve derrière l'écorce des visages que je vois . Quand je sais qu'une de mes pages a été accueillie avec intensité par une personne, il me semble que les traces légères qu'un homme laisse sur le sol peut devenir un sentier pour qu'un autre les foule avec amour. Pour moi, écrire, c'est entr'ouvrir un passage en espérant que quelqu'un, en le parcourant, le rende achevé"
                                  ERRI DE LUCA (Essais de réponses)


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  • voici la liste de ceux qui participent  à la rédac du mois

    Comme par hasard, je feuillette une revue et trouve cette phrase de l'écrivain espagnol Rafael Chirbes :
    "Si je n'écris pas, je ne sais rien, je ne vois rien , je suis vide"
    Moi qui ne suis pas écrivain, je ne serai pas aussi catégorique, je dirai simplement que j'écris parce que j'aime ça et que je vis mieux quand j'écris...Mes journées s'ordonnent plus harmonieuses, plus denses...

    Si j' approfondis un peu , j'écris pour apprendre à voir, pour rejoindre les autres dans ce qu'ils  ont de plus vrai.
    J'écris pour mettre un peu de clarté, un peu de paix en moi-même et peut-être aussi dans les autres.
    J'écris pour devenir le plus possible vivante, pour tenter de sortir des limites handicapantes qui m'ont été imposées et qui m'empêchent d'être ce que je devine être;
    J'écris pour sentir en dehors de moi, pour pénètrer dans la bulle de ceux que j'approche.
    J'écris pour préserver ce qui m'est précieux.
    J'écris pour ne pas nous désunir, pour communier avec ceux qui me lisent, pour ouvrir des portes.
    J'écris pour ne pas oublier.
    J'écris pour abolir le temps,pour que passé, présent et avenir s'emmêlent.
    J'écris pour trouver ma musique intérieure, pour sonner juste.
    J'écris pour aller là où je ne savais pas pouvoir aller, pour avancer aussi loin que possible.
    J'écris parce que j'en ai besoin.

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  •   L'autre soir,enfin, j'ai pu aller voir le film de Martin Provost : "Séraphine"
      C'est Yolande Moreau qui l'incarne et elle le fait à merveille...
      Avec elle, on devient Séraphine, on essuie les humiliations qui lui viennent de sa patronne qui la prend pour une pauvre fille tout juste bonne à laver le carrelage de sa maison...
      Avec elle, on s'émerveille de ce qui a jailli de notre pinceau pendant la nuit...On comprend qu'elle puisse momentanément perdre la raison...On est meurtri de la voir internée...
      On se dit que, même imaginaire, la voix de son ange gardien  (c'est lui qui lui a ordonné de peindre) ,  que cette voix donc doit être très éloquente pour la soutenir dans cet effort gigantesque qu'elle fait  pour peindre ce qu'elle voit à l'intérieur d'elle-même...pour peindre en cachette, après une dure journée de labeur...et sans même croire qu'elle a du talent...Quand celui qui va devenir son mécène (Wilhem Udhe) la complimente, elle croit d'abord qu'il se moque...
      Séraphine a réellement existé (1864-1942). Elle est connue sous le nom de Séraphine de Senlis...Elle n'a commencé à peindre qu'après quarante ans, sans avoir jamais appris, avec des moyens de fortune..Elle recueillait la cire des bougies dans les églises, du sang chez le boucher , de la boue des champs, du ripolin acheté chez le droguiste...
      On peut trouver très triste que son génie ait été aussi peu reconnu de son vivant et qu'elle termine ses jours dans un asile...Mais est-ce le plus important?  Sa vie n'est-elle pas pleinement réussie ? Elle a fait ce qu'elle avait à faire, elle a fait éclore les dons qui étaient les siens...Elle aurait pu être détruite par son entourage...Elle a su passer outre et laisser jaillir la beauté qui était en elle.
      Le film est sobre, dénué de pathos et de fausse sensiblerie...Il y a de très beaux paysages, de très belles scènes où Séraphine est en osmose avec la nature...Il nous permet de ressentir un peu , de l'intérieur, ce qui faisait vibrer Séraphine : "un des plus grands peintres naïfs du monde et de tous les temps" dit Jakovski dans le dictionnaire des peintres naïfs du monde entier

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  • Hier, j'ai reçu ce mail Et je suis horrifiée..C'est dans notre pays que cela se passe..Ne rien dire ne serait-ce pas être complice ?

    Jennifer, amoureuse hors la loi ?

    Immigration . Cette jeune femme a vu son mariage annulé et son fiancé sans papiers expulsé. Elle comparaît ce matin pour aide au séjour irrégulier.

    Avec son teint de porcelaine, ses grands yeux pas tout à fait sortis de l’enfance et son sourire franc, Jennifer Chary n’a pas vraiment un look de criminelle. Pourtant, cette jeune femme de vingt-deux ans est convoquée, ce matin, au tribunal de grande instance de Dijon pour " aide à l’entrée et au séjour irréguliers ". Sous le coup du désormais fameux article L.622-1 du Code des étrangers, elle risque cinq ans de prison et 30 000 euros d’amende. Son crime ? Avoir hébergé son fiancé, sans papiers.

    Elle sait qu’elle est devenue une " icône ", une preuve vivante des mensonges et des inhumanités du ministre de l’Immigration, Éric Besson. Depuis la sortie du film Welcome, il y a deux mois, ce dernier ne cesse de répéter que le délit de solidarité est un " mythe " et que " jamais personne n’a été poursuivi ou condamné pour avoir hébergé, pris en stop, donné à manger à un clandestin en situation de détresse ". Or, le ministre ment. Effrontément. Le Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) a publié (1) une trentaine de noms de personnes poursuivies et condamnées. Contredit, le ministre a répliqué avec une rare violence, qualifiant la crédibilité du GISTI de " proche de zéro ". Fera-t-il de même avec Jennifer Chary ?

    La jeune femme rencontre M’Hamed Naimi à l’été 2008. Divorcée depuis peu, élevant seule une petite fille, elle est alors serveuse dans un bar de nuit. À vingt-trois ans, lui est en France depuis deux ans et travaille au noir dans le bâtiment et la restauration. Les deux jeunes gens tombent amoureux, il lui avoue qu’il est en situation irrégulière. Aucune importance, lui répond-elle, avec l’assurance des amours débutantes. Leur vie suit son cours. La petite fille de Jennifer appelle M’Hamed " Papa ". Mi-février, les deux amoureux déposent un dossier de mariage à la mairie de Dijon. " On ne voulait pas se marier pour régulariser sa situation, précise Jennifer. Mais pour fonder une famille. Si on avait su comment ça allait tourner, on ne l’aurait jamais fait. "

    Car dès lors, tout s’accélère. " Un fonctionnaire zélé de la mairie a cru bon de transmettre notre dossier à la préfecture ", accuse Jennifer. Le vendredi 13 mars, ils sont convoqués à l’hôtel de police. Un avocat leur déconseille fortement de s’y rendre ensemble. Elle s’y présente donc seule et subit quatre heures d’interrogatoire où elle doit détailler le type de sous-vêtements de son fiancé et leurs rapports sexuels. Un policier lui lâche : " Vous risquez gros ", et lui remet sa convocation au tribunal. Le dimanche soir, M’Hamed passe la nuit chez son témoin de mariage. Il est réveillé par huit policiers, venus l’interpeller (Jennifer se demande encore comment ils ont pu savoir où il se trouvait). Le jeune homme est rapidement transféré au centre de rétention de Lyon. Il y rencontre la CIMADE qui le met en contact avec les Amoureux au ban public, association qui vient en aide aux couples mixtes, soutien précieux pour Jennifer. Car pendant ce temps, la fiancée remue ciel et terre pour tenter d’empêcher le pire. " C’est à nous de prouver que ce n’est pas un mariage blanc, mais comment ? s’interroge-t-elle encore. Ils ne peuvent pas nous ouvrir le coeur pour vérifier qu’on est amoureux… " Le 3 avril, huit jours avant son mariage, M’Hamed Naimi est expulsé vers le Maroc.

    On dit qu’un malheur ne vient jamais seul. Jennifer Chary en est l’exemple même tant sa vie semble sortie d’un roman d’Émile Zola. Enfant d’une Espagnole et d’un Marocain, Jennifer a quatre mois quand sa mère la laisse devant la porte de son père. Ce dernier la garde un an, avant de l’abandonner comme pupille de la nation. Elle grandit entre foyers et familles d’accueil. À seize ans, son père refait surface : il lui a trouvé un mari, de dix ans son aîné. Pendant quatre ans, cet homme va lui faire vivre l’enfer : tabassages en règle, tentatives de meurtre, etc. Bilan : un an d’hospitalisation et quatre fausses couches. De ces expériences, Jennifer garde une force de caractère peu commune pour une jeune fille de son âge. Elle dit : " M’Hamed, c’est moi qui l’ai choisi, personne d’autre. Je veux faire ma vie avec lui. Je l’aime. "

    Quitte à en payer le prix : depuis l’expulsion de son compagnon, Jennifer cherche désespérément du travail. Après sa médiatisation, on lui a répondu qu’on n’embauchait pas les compagnes de sans-papiers…

    (1) www.gisti.org.

    Marie Barbier


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  • (pour Enriqueta)

     

    Sans l'ombre d'un doute

    Devant mes yeux en déroute

    A demi éveillée sous la céleste voûte
    On entendrait voler un doute.

    Il a terni ma béatitude
    Où sont mes certitudes?
    Je suis dans une solitude
    Qui m'enlève toute aptitude.
    Oh ! que la vie est rude
    Quand on doit quitter ses habitudes.

    Et si je vivais dans ma bulle ?


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