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IL y a deux ans,j'ai participé à un stage d'écriture à Arles...Je ne connaissais personne,je ne savais pas comment cela allait se passer,je savais seulement que l'animateur était le frère de Françoise que j'avais rencontrée quelques mois auparavant et avec qui j'avais fort sympathisé...Mais ,pendant tout le trajet,j'ai senti ,très proche la présence de mon enfant...C'était vraiment comme s'il venait faire le stage avec moi..
L'animateur nous présente le travail de la semaine:après avoir fait notre autoportrait que je vous retranscrirai sans doute un jour,nous allons exclusivement parlé d'un seul personnage....Chaque jour,une nouvelle structure nous sera proposée...Evidemment,pour moi,ilétait évident que je ne pouvais parler que de mon fils si absent et si présent...La structure proposée était:"il y a celui qui"...Ce devait être le début de nos phrases et les deux dernières devaient commencer par "alors que"
Il y a celui qui a dû assumer toutes les peurs et les regrets de ceux qui l'ont précédé,celui qui a cru que c'était son héritage.
Il y a celui qui toujours fuyait pour abandonner un passé qui n'était pas le sien et qui pourtant lui collait à la peau.
Il y a celui qui s'est révolté mais que la peur a rattrapé.
Il y a celui qui disait:"il me faudrait une seconde naissance"
Il y a celui qui s'est effacé pour permettre aux siens de vivre en paix.
Il y a celui qui cherchait sa maison et comme il ne l'a pas trouvée,il est allé se perdre et maintenant finie est son errance,il est partout chez lui.
Il y a celui qui,tel un météore,a accompli une vie en un temps record,pour apporter à ceux qui l'ont connu une lumière irremplaçable.
Il y a ceux qui sont amputés et cherchent en vain le membre manquant.
Alors que moi,je m'égare en des rêves sans envergure où l'essentiel n'est pas nommé.
Alors que je sais bien que cette lumière qu'il est venu nous apporter,il m'appartient de la reconnaître,de la garder saine et sauve,de lui trouver sa juste place.
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J'écris pour te garder vivant
Tu as commencé un chemin
Et tu n'as pas pu le poursuivre
Je voudrais,avec mes pauvres mots
Te rouvrir un chemin
Que ceux qui t'ont connu
comme ceux qui ne t'ont pas connu
Que tous sachent qui tu es
Si je ne parle pas de toi
qui va te connaître?
Je t'offre mes mots
comme une bouée
comme un radeau
Certes,je sais mal écrire,je n'ai rien d'autre
au fond de moi,
qu'une grande exigence
une nécessité
une émotion profonde
qui m'ordonne quand même d'écrire
J'écris comme on tricote
une maille après l'autre
Je voudrais écrire sous ta dictée
Il n'y a que toi qui sais
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Je voulais continuer à parler de mon fils François-Noël...mais...J'ai relu le cahier blanc que sa soeur Sylvaine m'avait offert pour ce premier Noël sans lui...Et sur ce cahier,j'avais commencé à lui écrire...pour garder le lien,pour que son absence devienne présence...J'y ai mis les cartes que j'avais reçues,j'y ai retrouvé ce poëme de Andrée Chédid que je trouve plein de tendresse
"Il y a des matins en ruines
où les mots trébuchent
où les clés se dérobent
des soirs où le coeur s'ensable
où le coeur se verrouille
des jours où l'on se suspendrait
au cou du premier passant
pour le pain d'une parole
pour le son d'un baiser"
Certes,ce poëme nous parle de souffrance,de désespoir mëme mais l'on n'est pas tout seul,il suffit de savoir regarder et de recevoir ce que les autres sont prêts à donner:une parole,un baiser ou un regard.
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Si je parle de toi,mon enfant trop tôt parti,
ce n'est pas pour faire couler les larmes
pour m'apitoyer sur ma douleur passée.
Si je parle de toi
c'est pour raviver le message d'amour
que tu m'as transmis
et que parfois souvent j'oublie
c'est pour oeuvrer à la métamorphose
et que chaque larme devienne diamant
que chaque larme devienne perle de joie.
Parler de toi n'est pas triste,parler de toi,c'est pour accroître la VIE.
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Les trois dernières semaines que tu as vécues sur cette terre,nous ne savions pas où tu étais...Nous avons cru,quelle idée absurde,que tu étais parti dans une autre ville...pour ,lors de tes errances,ne plus rencontrer de visages connus,...Les deux premières semaines,l'angoisse me rendait folle...Et puis brusquement,alors que nous étions toujours sans nouvelles...je suis devenue presque sereine,persuadée que tu allais nous revenir pour ton anniversaire(je t'avais même acheté ton cadeau) et que tu allais nous revenir "transformé"...
Je ne me suis pas vraiment trompée...Nous t'avons retrouvé...Transformé,tu l'étais puisque tu gisais...sans vie,froid....pas tout à fait sans vie pourtant...Tu semblais très présent et apaisé,avec tes yeux grand ouverts sur l'infini...Tu avais fait le passage de la vie dans la vie...Personne encore n'avait fermé tes yeux...Ton regard m'a été un cadeau précieux....Le lendemain,quand nous revenons te voir,tes yeux sont clos,tu n'es plus là,ne reste devant nous que ton corps...comme un vêtement inutile....mais j'ai encore envie de m'accrocher à ton apparence...Et je t'embrasse et mes baisers ne te réchauffent pas...Heureusement ,la veille,j'ai vu ton regard...Il est toujours vivant ,au fond de moi
Hier,j'ai cité un fragment d'un poëme de Tilk,je vous le donne en entier car il me touche beaucoup:
"Il ne devrait pas y avoir de regards discrets
Les regards devraient être vrais
Ils devraient par leur éloquence
envelopper et pénètrer
ce qui est regardé
il devraient être le début
d'une longue conversation silencieuse
d'un échange profond
jusqu'à transformer la cible.
Pourquoi gardons-nous jalousement nos regards
Pourquoi ne pas se laisser regarder
Pourquoi tous ces regards voilés
Pourquoi ne pas donner des regards
comme on donne du pain
Pourquoi ne pas partager"
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