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Dieu ! Que c'est bon d'être un démon !
Regarde-les à ta droite,
hiératiques,impénétrables,inébranlables,
deux heures en leur compagnie,
c'est à mourir d'ennui...
Regarde-les !
Ils n'ont même pas l'air ravi
et comme ils se ressemblent !
Un vrai troupeau de moutons
sous la houlette du berger.
Ils ne courent aucun risque
mais qui les envie?
De l'autre côté au moins
il y a de la vie,du mouvement;
certes,ils ne sont guère souriants,
plutôt grimaçants,
mais au moins ils sont vivants,
turbulents,amusants, séduisants....
Comment faire, Dieu tout puissant
pour que la perfection figée
cesse de nous rendre fades et confits,
pour que ton Paradis
soit un lieu où devenir,
un lieu où vivre
tout simplement ?
Comment faire
pour que l'Enfer et ses mirages
et tout leur attirail de tortures
perdent leur séduction ?
J'ai retrouvé ce texte écrit en août 1990 devant l'église de Conques,je me souviens de mon émerveillement....
Tout est beau,le paysage,le village,l'église...C'était au cours d'une randonnée à pied,j'y retournerai volontiers...
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Je m'apprêtais à partir faire une course à la ville,j'étais déjà au volant de la voiture et j'avais même tourné la clé de contact quand j'entends quelqu'un toquer à la vitre,je regarde et qui vois-je?Non,c'est bien elle,il y a dix ans que je ne l'ai vue mais elle n'a pas changé,c'est incroyable,elle a fait le ménage chez nous pendant des années,du temps où j'habitais à la ville...Elle était toujours très ponctuelle,très méticuleuse,elle nous était très attachée,je ne sais pouquoi car nos échanges étaient assez limités puisqu'elle venait chez nous quand nous étions au travail...Nous nous rencontrions de temps à autre seulement....Les derniers temps,son mari étant très malade,je lui avais dit qu'elle pouvait ne pas venir et elle m'avait répondu:"tant que c'est possible,je viens ,ça me fait une sortie".Je n'avais jamais pensé que faire le ménage chez les autres puisse être une détente....Nous l'avions invitée quand elle avait cessé ses services et que nous habitions alors dans notre nouvelle maison à la campagne mais elle n'avait pu venir et puis nous avions eu un ou deux contacts et nous n'y pensions plus guère...
Et voilà qu'elle était là devant moi et le temps n'avait pas altéré ses traits...Nous nous embrassons,je vois ses yeux s'embuer:"Je suis avec mon fils,me dit-elle,et comme nous passions tout près de chez vous,je me suis dit qu'on devait bien arriver à trouver votre maison, ce n'est pas si grand ici "
Et le hasard a bien fait les choses,ils se sont garés sur la petite place,ont fait quelques pas et m'ont aperçue quand je sortais dans la cour,ils n'ont pas eu à chercher,je suis sortie juste au bon moment....Je leur offre le café,elle m'apprend la mort récente de son mari,elle me dit combien elle a été déçue de ne pouvoir répondre à notre invitation,il y a dix ans;elle nous dit que nous n'avons pas changé tous les deux (là,jai quelques doutes) elle a l'air absolument ravie de nous avoir trouvés et son bonheur se communique à nous,son fils la regarde avec attention et il est très heureux de lui avoir permis cette rencontre...Nous irons la voir...,elle n'a pas de voiture et son fils n'est pas toujours disponible...Belle journée qui nous a valu cette surprise.
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Voilà ce que j'ai décidé,dit-elle
désormais,chaque jour de ma vie,
au moins quelques instants,je ferai paraître un moi inconnu
afin de reculer les limites ridicules et
étouffantes de ma prison intérieure.
Votre surprise de vant ce moi imprévu ne m'arrêtera pas et m'importe peu...
Je suivrai mon chemin afin d'être moi.
Et pourquoi tout cela?
c'est que je cours après moi
qui est au devant de moi
et que je ne connais pas.
Sans violence et sans regret,
je veux quitter la dépouille
de cet être angoissé
que la peur rend invisible.
Invisible j'étais,
pas encore née,
avortée,repliée, étouffée,
niée,rejetée,liée,
repoussée,piétinée,brisée...
Je n'ai pas de voix,
seulement un cri,
un rale,
je ne suis pas
et j'aspire à être
entière.
Je me débats dans l'amas des débris issus
d'un combat ôpiniâtre.
Agressive,dominatrice,excessive,
Oui,je saurai l'être
chaque fois que ce sera nécessaire
pour ne plus être la victime.
J'oserai dire ce que je pense même si je suis seule à le penser
et si cela vous ennuie...
Continuez à ronronner,
mes cris vous ont dérangé;
ils ont jailli ,incongrus,
de ma bouche étonnée
sans que je puisse les arrêter...
Avant, j'étais celle que l'autre modelait à son gré.
Désormais,je sais l'horreur.
Anéantis sont les bourreaux
puisqu'il n'y a plus de victimes
mais seulement des êtres complices
qui tissent entre eux des liens d'amour et de liberté....
Ainsi me parla-t-elle
Je l'ai revue dix ans plus tard,
elle était sereine,rayonnante...
Je l'ai félicitée
Elle m'a répondu en riant:
"je ne sais toujours pas affirmer ce que je pense
en toutes circonstances
mais j'ai appris à m'aimer
comme je suis
et je me pardonne mes défaillances
et cela est bien.
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Hier,je lis le poëme de Tilk (le lien est sur mon blog) et,comme en écho,j'ai noté ce qui est venu.
J'avoue
mon
désarroi
devant
le tourbillon
de la vie
qui m'éparpille
au gré du vent
Alors que je rêve
de demeurer
au centre
d'un noyau
dur et
lumineux.
Et voici maintenant le poËme de Tilk
J'avoue
mon
immobilité
Au milieu
du courant
du temps
Et de
l'égrènement
de ses heures
qui
édifient
mon silence
Merci à Tilk pour ses beaux poëmes qui nous interrogent et nous font rëver.
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Et un sourire de Paul Eluard
"La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis,
puisque je l'affirme
au bout du chagrin une fenêtre ouverte
une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler,faim à satisfaire,
un coeur génèreux,
une main tendue,une main ouverte,
des yeux attentifs,
une vie,la vie à se partager"
Ce poëme est plus spécialement dédié à Moony qui a écrit récemment un poème sur la nuit,je cherchais ce poËme dans ma tête,car il m'accompagne depuis longtemps mais la fin me manquait,la voilà retrouvée....
J'ai retrouvé aussi un poëme que j'avais complètement oublié et qui,en ce moment ,me convient à merveille.
Besoin de noir de Jean Mogin
"J'ai de la nuit dans mes greniers,
j'ai mes caves pleines de nuit;
je me repose sur du noir,
je me fonde sur lui.
J'ai grand besoin de noir:
je le visite avec les yeux ouverts
pour y noyer mes petites lumières;
je m'y enfonce jusqu'aux lèvres,
jusqu'aux narines,aux oreilles.
Je rage dans mon noir vivier;
je mange et bois mes provisions d'obscur.
J'aime à faire communiquer
avec la nuit de mes entrailles,
la nuit des temps,la nuit des mondes."
Pour moi,ce grand besoin de noir,c'est pour illuminer toutes les autres couleurs,c'est donc indispensable.
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