• J'ai toujours l'impression que je n'en finis pas de naître;
    oui,je viens seulement de naître,
    je commence seulement à apprendre,
    je commence seulement à y voir clair,
    ce n'est encore qu'une lueur...

    Je sais depuis toujours que je veux écrire,
    je ne sais pas ce que c'est qui veut sortir,
    je ne sais pas ce que je veux écrire,
    ni comment je dois l'écrire.
    Je ne sais pas si l'essentiel est d'exprimer une parole
    ou si j'écris pour m'envelopper de silence
    et si c'est cela l'essentiel,car l'écriture est à ce prix...
    d'autres peut-être goûtent ce silence dans la prière...
    Pour moi,l'écriture est le meilleur instrument de plongée.
    et ce silence est suave et intense;
    quand on l'a goûté,on ne peut l'oublier.


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  • Hier,des amis sont venus nous voir ...Elle nous a offert un recueil de ses poëmes,j'ai envie de vous les faire partager,en voici deux

                               VA ET VIENT                               
    Les mots que tu chuchotais
    En secret,à la fenêtre,
    L'oiseau les a emportés,
    Posés sur le vent,au-dessus des mers
    Au-dessus des monts,
    Loin,très loin,
    Il les  a répétés
    A un inconnu qui s'en est abreuvé
    Et maintenant,,l'oiseau revient
    Te porter une réponse
    Que tu n'attendais plus....

    PERDUS
    D'abord,on jette les mots
    A la volée
    Comme de petits cailloux;
    "On les  retrouvera",
    Plus tard,on les cherche,
    On hésite
    On berce les mots d'amour
    Déguisés en sirènes;
    On veut les assembler
    "Pour qu'ils gardent leur pouvoir"
    Mais si personne ne les comprend?
    -On se retrouve seul,
    Perdu,petit,
    Sans force pour les dire...


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  • d--butao--t-2007----vaunaveys-et-le-5ao--t-ballade----la-serre-des-Ai-062-copie-1.jpg J'avais onze ou douze ans et j'ai découvert,sur une revue hebdomadaire que recevaient mes parents,ce poëme de Marie NOEL (1883-1967)et je me suis trouvée transportée dans un autre monde magique,"là où tout n'est qu'ordre et beauté,luxe,calme et volupté"...C'est à peu près au même âge que j'ai découvert Baude laire(grâce à une bibliothèque de quartier)...Je n'ai pas perçu un seul ins tant la tristesse ,la douleur des paroles,je n'en ai ressenti que la beauté,l'harmonie,la suavité...Je vous le retranscris et je revis,ce faisant, mon émotion d'enfant,tout en m'étonnant,cependant,de n'avoir pas ressenti la souffrance qui transparaît.

    "Mon bien-aimé descend la colline fleurie
    De blé noir
    Très lentement par les champs päles...C'est le soir.

    Voilà mon bien-aimé !...Suis-je bien aguerrie,
    Ma raison?_
    Oui,le voilà qui passe auprès de ma maison.

    Ne me regarde pas,bien-aimé,je t'en prie,
    Si jamais
    Ton accent n'était pas assez doux,j'en mourrais !

    Ne me dis rien,tais-toi,bien-aimé,je t'en prie,
    Si jamais
    Ton accent n'était pas assez doux,j'en mourrais !

    Mon bien-aimé passa voilé de rêverie,
    L'âme ailleurs,
    Sans rien me dire hélas et j'en meurs."

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  • J'étais enfant encore quand pour la première fois,j'ai lu un de ses poËmes et m'en suis réjouie,nourrie..J'avais l'impression d'avoir découvert une mine d'or...aujourd'hui,j'ouvre son livre:"Notes intimes"...J'en extrais quelques lignes presque pris au hasard
      "Ces jours où je suis lourde,épaisse,basse,terrestre,incapable d'appréhender l'invisible...alors je puis aimer un chat, un chien,mais pas aimer Dieu..Les Anges.Je n'ai plus de quoi les imaginer.
      Car c'est un grand et dur travail de penser Dieu et tout ce qui n'existe pas pour les sens,de regarder fidèlement ce qu'on ne voit pas;d'écouter ce qu'on n'entend pas,d'aimer ce qui n'est nulle part qu'en cette âme où rien n'est plus."
       Un jour où j'aurai plus de temps,je vous ferai partager un de ses poËmes.,car elle a beaucoup compté pour moi et même encore même si je reste de très longs temps sans la lire,c'est commme si elle faisait un peu partie de moi.

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  • Je continue la lecture de Lytta Basset "Ce lien qui ne meurt jamais":

    livre qui vient de paraître et qu'elle a écrit cinq ans après la mort(par suicide )de son fils...
    Il me touche évidemment beaucoup puisque mon plus jeune enfant est mort ainsi,il y aura douze ans en décembre...et voici que j'en arrive à cette page où elle exprime cette pensée et c'est celle qui m'a habitée,moi aussi,tout de suite ,après le départ de mon fils mais que j'ai très peu exprimé,tant je ressentais combien elle pouvait paraître incongrue pour ceux qui n'ont rien vécu de semblable,et pourtant pour moi c'était une intuition devant laquelle je ne pouvais que m'incliner
    "son suicide,un geste altruiste,un don de lui-même"
    Tous deux savaient que,en période de crise,ils pouvaient devenir violents et peut-être dangereux....
    Et Lytta Basset continue : "Je crois aujourd'hui qu'en effet on peut,en traversant la mort,accomplir de l'autre c^^oté du voile ce qu'on portait en soi de plus génèreux, précieux,uniqueOn peut avoir eula révélation de qui l'on est profondément sans trouver d'autre manière de le réaliser.Mourir revient alors à vouloir vivre en vérité,être enfin soi-même.Pour certains,cet accomplissement se fait par la maladie ou l'accident inexplicable,le plus souvent à leur insu."
    Et j'ai envie de la croire,bien que ça me paraisse trop beau ,pour être vrai  ,car je suis avide de tout ce qui relie à du sens...comment continuer à marcher sur le chemin de la vie,être témoin des atrocités que les êtres humains sont capables d'accomplir,témoin aussi de leur courage et de leur génèrosité en d'autres moments,pourquoi continuer à avancer si la vie et la mort sont dénuées de sens?


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